Critique de livre : La Horde du Contrevent, Alain Damasio

Cet article a été précédemment publié sur mon ancien site. Je le remets ici pour ceux qui ne l’auraient pas lu.


Cela faisait des années que je voulais m’attaquer aux livres du grand Alain Damasio, dont je n’entend dire que du bien et qui me régale à chacune de ses interventions en public. Profitant des vacances de Noël, j’ai enfin pris le temps de prendre le problème à bras-le-corps en lisant La Horde du Contrevent. Disons-le tout de suite : il a directement rejoint le top 3 des livres qui m’ont le plus marqués (je ferai un article là-dessus un jour).

Sur une terre où le vent souffle en continu, de l’amont vers l’aval, des hordes sont envoyées de génération en génération pour contrer le vent, à pied. Ils passent leur vie entière à tenter d’atteindre l’extrême-amont, l’origine des vents. La trente-quatrième horde, la meilleure et la dernière, est celle que nous rejoignons dans ce livre au cours de son combat pour atteindre l’extrême-amont.

Image d'un paysage

La Horde du Contrevent est un livre que je qualifierais d’exigent : le lecteur passif, celui qui lit en diagonale ou ne fait pas l’effort de retenir les lieux et les personnages, se perdra très rapidement dans cet ouvrage qui donne la parole à vingt-trois personnages, tous très différents. Un système de notation permet, au début de chaque paragraphe, de rappeler qui parle, en se référant à une table des personnages en début de roman. Si, au début de la lecture, il est assez fastidieux de faire sans cesse l’aller-retour, les personnages sont si différents dans leurs réactions, leur manière de parler, leurs interactions, que très vite la table devient inutile et que l’on reconnait instantanément le Golgoth, son vocabulaire vulgaire, sa suffisance et son exigence ; Caracole et son langage imagé et fantasque ou n’importe quel autre, à sa personnalité. On ne se laisse pas porter par ce livre, il faut le lire avec une volonté inouïe, faire l’effort de remonter contre le vent, mais cette volonté de lecture se trouve hautement récompensée.

Alain Damasio parvient, dans son livre, à créer un univers qui nous happe tout entier. Le lecteur est en quelque sorte convié à rejoindre la horde, à comprendre son esprit, cette volonté inexorable d’aller de l’avant, malgré les difficultés et les morts qui s’accumulent petit à petit. Il est difficile de parler plus que cela de ce livre, car la critique est trop faible pour rendre compte de la lecture. Dire par exemple que le mélange d’action et de réflexion est bien dosé, que l’univers est cohérent, les personnages attachants, serait bien en-deçà de la réalité, et pour cause : ce type d’expression convient à un ouvrage lambda, mais La Horde du Contrevent

C’est un de ces livres qui marquent à jamais, par l’intensité du propos, sa manière de se mettre en résonnance avec nos vies, de nous rappeler l’importance d’avoir un objectif, un but et de le suivre coûte que coûte, qui marque aussi par la finesse de son écriture, les émotions qu’il suscite. Je n’avais pas vécu une telle claque, une telle révolution depuis les Cantos d’Hypérion, et il m’a fallu des jours pour m’en remettre.

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