Cet article a précédemment été publié sur mon ancien site, je le republie ici pour ceux qui ne l’auraient pas lu.
Donc voilà. Après plusieurs semaines à parler du fait que j’étais en train de lire un gros pavé, j’en suis venue à bout. Je m’étais attaquée au tome 1 de Dune, de Frank Herbert et j’avoue avec un peu de honte que j’étais probablement parmi les dernières amatrices de Science-Fiction à n’avoir jamais lu ce roman cultissime.
Et pour un roman culte, je pense que ma critique manquera peut-être un peu d’éloges. Non que je n’aie pas du tout aimé ce roman, mais j’ai eu un mal fou à rentrer dedans, bien que j’aie fini par accrocher. L’univers est prenant, certes, et l’écriture de Frank Herbert, très visuelle, permet de s’imaginer instantanément les lieux qui s’offrent à nous mais j’ai eu une sensation étrange en entamant ce roman, comme la sensation de démarrer une série par le second épisode. Alors on s’y fait au bout d’un moment, mais les personnages ont tendance à parler de choses dont la définition et l’histoire sont acquises pour eux mais qui, pour la lectrice naïve que j’étais, n’avaient pas le moindre sens et qui ne se dévoilent qu’au fur-et-à-mesure, ce qui avait pour résultat de me donner l’impression d’arriver au milieu d’une conversation entre des amis de longue date et de tout faire pour tenter de m’intégrer alors qu’ils n’en avaient pas la moindre envie.
Cela ajoute au réalisme, évidemment : pourquoi est-ce qu’ils s’expliqueraient des choses qu’ils connaissent déjà ? C’est d’ailleurs un reproche que je fais assez souvent aux romans que je lis (et un défaut que j’ai moi-même trop souvent quand j’écris), de vouloir tout expliquer ou faire expliquer alors que les choses devraient être claires pour leurs personnages s’ils connaissent leur univers. C’est un défaut d’écriture qu’Herbert n’a pas et qui, pourtant, m’a laissée un peu perplexe, avec l’impression d’être rejetée, jusqu’à ce que j’en aie lu suffisamment pour comprendre les sujets abordés et être de nouveau intégrée. Mais jusqu’à ce moment-là, l’histoire m’a paru bancale et le fait d’aller lire quelques chapitres m’était moins agréable que d’ordinaire.
Par la suite, une fois ce pas franchi, la lecture coule toute seule : l’histoire est prenante – bien que manquant un peu de rebondissements à mon goût… je n’ai jamais eu l’impression que les personnages étaient en danger et le fait d’avoir à la fois un héros capable de voir l’avenir, même avec difficultés, et un méchant qui explique son plan dans les premières pages du roman et le déroule comme prévu retire une bonne partie de la surprise mais…
Mais c’est quelque chose que je peux aisément pardonner à cause de cet univers qui se construit et qui se dévoile sous nos yeux, qui forme un tout parfaitement cohérent et sur lequel on a envie d’en apprendre toujours plus. C’est selon moi la véritable force de ce roman : l’impression que pourraient s’écrire des centaines d’histoires dans cet univers parce qu’il est formé de façon autonome, pas uniquement pour le roman Dune, et que les règles qu’il établit, les personnages et sociétés qu’il met en place, les différentes planètes autour desquelles orbite l’histoire sont suffisamment denses, éloignés de nous et cohérents pour qu’on s’évade réellement à la lecture et qu’on suspende son incrédulité avec joie pour visiter ce nouvel univers qui s’offre à nous.