Cet article a été précédemment publié sur mon ancien site. Je le remets ici pour ceux qui ne l’auraient pas lu.
Vous êtes en train de lire la deuxième partie de mes lectures de juillet. Elle se lit indépendamment de la première, mais si par hasard vous l’avez loupée, vous pouvez la retrouver ici :
Philip K. Dick, Blade Runner / Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Difficile de parler du livre de Philip K. Dick sans ressentir difficilement la comparaison avec le chef d’oeuvre qu’est son adaptation cinématographique. Faudrait-il éviter de les comparer ? C’est quasi certain, car en réalité peu d’éléments du livre se retrouvent dans le film. Partons donc du principe que Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? n’a absolument rien à voir avec Blade Runner : l’histoire est très dissemblable, le ton est différent, les personnages n’ont pas le même caractère ni les mêmes buts…
Le livre, avec une écriture presque candide, très fluide – ce genre de livre qu’on lit d’une seule traite – aborde la question de l’humanité et de l’empathie, à la fois par le prisme de la différence androïdes/humains et par le rapprochement des humains entre eux. L’humour y est subtil et on évolue entre les lignes avec une certaine légèreté (je suis obligée de revenir à la comparaison avec le film qui pour moi se caractérisait par le ressenti d’une pesanteur absolue qui imprégnait tous les plans et qui faisait, sans mauvais jeu de mots, une bonne partie du poids du film.) Le principal défaut, selon moi, de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, c’est une histoire qui s’essouffle, comme si l’auteur avait voulu développer une tranche de vie plutôt qu’un scénario, mais qu’il s’était ennuyé à mi-parcours.
Ce qui donne un livre oubliable, car très bon au début et très moyen à la fin, à la différence du film qui encre certaines scènes au fer chauffé à blanc dans notre esprit. Mince. Je n’ai pas pu m’empêcher de revenir à la comparaison. En tout cas, ça m’a donné très envie de revoir Blade Runner.
Jean Laurent Del Socorro, Royaume de vent et de colères
Un roman entre Histoire et fantasy, qui se déroule en 1596, sur fond de guerres de religions. C’était un livre qui, sur le papier, avait tout pour plaire à l’ancienne médiéviste que je suis. Et je suppose que rien qu’à cette phrase, on devine quelque peu ma déception.
Royaume de vent et de colères prend le parti de suivre un grand nombre de personnages, à un moment de leur vie qui, à mon sens, n’a plus grand chose de trépidant (il y a quelques exceptions). C’est là, peut-être, que le bât blesse.
Entre les lignes, on devine un univers riche, des personnages hauts en couleur et en caractère et un réel amour de l’auteur pour chacun d’entre eux, mais pour la plupart, leur vie est sur la fin et, même si au bout d’un moment on finit par apprendre ce qui les a menés là où ils en sont, c’est trop tard pour moi, le charme n’opère plus autant qu’il le devrait. Les chapitres sont excessivement courts, deux à trois pages à chaque fois, et l’ouvrage est découpé en plusieurs partie, dont chacune remonte ou redescend dans le temps, ce qui donne un rythme rapide, mais décousu.
Pour le dire plus simplement, j’ai été déstabilisée tout au long du roman par l’impression de lire une collection de souvenirs. Des souvenirs certes intéressants, mais des souvenirs tout de même. Et pour moi qui aime m’immerger totalement dans ce que je lis, cela a été une épreuve que j’ai eu du mal à passer, même si je comprends totalement l’intérêt de ce roman et que je pense qu’il pourrait facilement être recommandé à tout lecteur qui n’aborde pas la lecture de la même façon que moi. Le mieux, c’est de tester. Soit on s’y fait, soit non…
Fred Vargas, Sous les vents de Neptune
Le commissaire Adamsberg retrouve par hasard les traces d’un tueur en série qui, après avoir hanté sa vie pendant trente ans, était supposé mort. L’obsession qu’il entretient pour lui le pousse à reprendre l’enquête alors que son équipe et lui doivent partir au Québec pour une formation.
J’ai pour tradition de lire un roman policier ou un thriller chaque été, et jusque là j’étais restée dans les vieux classiques, Agatha Christie ou Marie Higgins Clark. N’ayant pas trouvé l’ouvrage que je souhaitais lire, je me suis tournée vers Vargas, dont je n’avais eu que des bons retours, et je n’ai pas été déçue, c’est le moins qu’on puisse dire.
Ce n’est peut être pas le roman policier classique, dans le sens où l’identité du meurtrier fait, depuis le début du roman, peu de doutes, mais il ne manque jamais de suspense et parvient à nous garder en haleine du début à la fin, grâce aux nombreuses questions que supposent l’action de ce meurtrier présumé mort, et aux soupçons qui iront jusqu’à entacher Adamsberg lui-même. L’humour qui parsème l’ouvrage, le voyage au Canada sacrément rafraîchissant en ces temps de canicule et les pépites des expressions québécoises dont Vargas nous fait profiter dans ses dialogues (c’est une vraie force de ce roman et, je ne m’avancerai pas avant d’en avoir lu un deuxième mais je présume que c’est aussi un point fort de l’autrice) nous accompagnent tout au long de cette lecture. C’est un excellent roman et il est possible que je déroge à ma règle à partir de maintenant pour lire un peu plus de romans policiers, notamment de cette autrice.