Cet article a été précédemment publié sur mon ancien site, je le remets ici pour ceux qui ne l’auraient pas lu.


Malgré leurs disparités, cela m’amuse de constater que tous les romans que j’ai lu ce mois-ci aient un rapport avec des légendes que les personnages cherchent, qu’il s’agisse d’un lointain passé qu’il est nécessaire de dévoiler pour comprendre le présent, pour Vargas et McCaffrey, ou d’une créature mythique à débusquer, pour Laurent Genefort. Quand à Vaisseau d’Arcanes, ce seront les préjugés et incompréhensions, les légendes qui courent au sujet des peuples non-humains qui peuplent les terres de ce monde et sur la nature même de l’Arcane qui auront une importance capitale dans le développement de l’intrigue.

Couverture de "Vaisseau d'arcanes, tome 1 : Les hurleuses" par Adrien Tomas, aux éditions Mnemos

Adrian Tomas, Vaisseau d’arcane, Tome 1 : Les Hurleuses

Au Grimmark, la magie tombe sous forme d’éclairs et ceux qu’elle foudroient perdent toute personnalité pour rejoindre l’Arcane. Solal, un journaliste brillant, est un jour touché et sa soeur Sof fait tout pour le sauver, ce qui l’entraîne dans une course pour fuir les autorités, un assassin à ses trousses, et jusqu’aux montagnes Hurleuses où vivent les Orcs, ce peuple à moitié végétal.

On revient à de la pure fantasy, où la magie ne fait pas de cadeaux et ça me plaît ! L’histoire est somme toute assez classique, celle de l’héroïne qui veut juste sauver son frère et se retrouve mêlée à l’Histoire sans le vouloir, celle qui la dépasse. Les personnages sont pour la plupart attachants et l’univers ne manque pas d’intérêt : les différents peuples ont été soigneusement construits, même si je regrette, ce qui est fréquent dans la fantasy, que leur organisation ne diffère pas particulièrement de celle d’humains.

Une lecture agréable, qui me donne envie de poursuivre la série, même si elle n’a pas eu l’impact de certaines de mes lectures du début de l’année.

Fred Vargas, Dans les bois éternels

J’avais prévu de lire d’autres histoires de Vargas, ayant été happée par ma lecture de Sous les vents de Neptune en juillet, je n’avais pas spécialement prévu d’en lire tout de suite mais, l’occasion s’étant présentée… En plus il se trouve que je suis tombée sur le roman qui fait suite à Sous les vents de Neptune, totalement par hasard, et que j’ai été ravie de retrouver Adamsberg et sa brigade, de retour du Québec et chamboulés par leurs aventures, mais prêts à poursuivre un fantôme, ou une Ombre, selon le point de vue.

Cette enquête-là fait la part belle à la dissociation des meurtriers, aux vieux remèdes du Moyen-Âge et aussi à Racine, avec l’arrivée d’un petit nouveau à la brigade, Veyrenc, qui ne peut s’empêcher de marmonner des vers. Un cocktail qui a tout pour éveiller mon intérêt et qui ne m’a pas déçue. J’ai un moment craint que l’histoire ne s’éparpille, vu la quantité d’étrangetés qui semblent environner notre commissaire dans ce roman, mais tout finit par faire sens et on en apprend plus sur l’enfance d’Adamsberg et sur quelques uns de ses secrets.

Spoiler alert : j’ai trouvé un autre Vargas dans une boîte à livres et j’ai pris ça comme un signe.

Couverture de "La balade de Pern, tome 1 : Le vol du dragon" de Anne McCaffrey, aux éditions Pocket

Anne McCaffrey, La balade de Pern, Tome 1: Le Vol du Dragon

Posons les choses tout de suite : j’adore les histoires qui parlent de dragons. Quand on a l’habitude de lire de la fantasy, un dragon, dans un bon roman, cela marque tout de suite l’originalité de son auteur, j’ai donc envie de parler un peu des dragons d’Anne McCaffrey.

ci, on se retrouve en terrain à peu près connu, pour ceux qui ont lu Eragon de Christopher Paolini (bien que ce dernier soit paru 30 ans après, je n’ai pas trouvé d’informations prouvant qu’il aurait pris La balade de Pern comme une source d’inspiration) : les dragons et les humains sont alliés, ceux qui les chevauchent sont presque devenus autres et tellement plus que des humains, ils communiquent par la pensée…

Le rapprochement s’arrête là. Les dragons de Pern se reproduisent en vol nuptial, comme des abeilles ils ont une reine qui sera la seule à pondre les oeufs, et ils doivent mâcher de la pierre de feu pour pouvoir cracher du feu. J’arrête ici cette longue digression sur les dragons.

J’ai aimé ce livre, mais énormément de choses me paraissent datées ici. L’héroïne, Lessa, a un sale caractère et n’hésite pas à se salir les mains pour faire ce qu’elle pense juste ou qui sert ses intérêts, mais les autres personnages sont extrêmement manichéens. Le traitement des femmes met aussi extrêmement mal à l’aise – l’un des héros ne cesse de secouer Lessa quand il est en colère contre elle et à chaque fois j’en hurle de frustration – et elles sont présentes parmi les chevaliers-dragons avant tout pour leurs fonctions reproductrices. Cela, Lessa le mettra à mal, heureusement – l’idée étant probablement de dénoncer ces traitements – mais on remarque quand même des schémas de pensés de l’autrice qui, malgré toute sa bonne volonté, ne peut pas s’empêcher de s’imaginer que les femmes ont un don inné pour soigner les blessures tandis que les hommes se battent. Un peu cliché, mais l’originalité de l’histoire et des idées de retournements corrigent en partie ces défauts.

Couverture de "Le sang des immortels" par Laurent Genefort, aux éditions Fleuve Noir

Laurent Genefort, Le sang des Immortels

Le dernier roman de mes lectures d’août est aussi le seul de science-fiction. Et quel univers ! Quelle claque ! Si la force du roman d’Anne McCaffrey était son scénario, celle du Sang des Immortels est indubitablement sa jungle impitoyable, l’attention portée à la construction de l’univers où chaque plante, chaque insecte de cette planète où la jungle a tous les droits est soigneusement construit afin d’avoir son existence en propre. On y entre, dans cette jungle, et on comprend rapidement qu’elle sera impitoyable avec nous.

Le roman est court, ce qui explique à mon sens quelques raccourcis : le scénario manque de saveur, les personnages manquent de profondeur et la résolution tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, comme si Genefort était trop limité en nombre de signes pour pouvoir développer correctement toutes ses idées, ce que je trouve dommage. Mais décidément, il faut lire Le Sang des immortels pour sa jungle, pas pour son scénario ou ses personnages !

Ce qui a tendance à m’amuser un peu, c’est que j’ai découvert Laurent Genefort en écoutant le podcast Procrastination (j’écrirais peut-être quelque chose dessus à l’occasion) qui donne des conseils d’écriture aux jeunes auteurs. L’un des premiers épisodes parle de la fameuse injonction « show, don’t tell ». Et j’ai failli reposer le livre tant j’ai été déçue par le premier dialogue qui est définitivement dans le « tell » : pour le résumer rapidement, les quatre personnages sont en train d’arriver sur la planète Verfébro et l’un d’eux résume pour quelle raison ils sont là et leur explique qu’ils n’ont rien en commun… Alors qu’ils le savent tous : ils ont passé des mois ensemble dans l’espace, le personnage le dit aussi. Ils n’ont pas besoin de ce résumé, c’est une exposition pour le lecteur alors autant le mettre dans un passage narratif, pas dans un dialogue ! C’est un détail, mais du genre de ceux qui me font reposer les romans très vite. Heureusement que je ne m’y suis pas arrêtée car j’aurais loupé un beau roman.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.