Cet article a été précédemment publié sur mon ancien site. Je le remets ici pour ceux qui ne l’auraient pas lu.
Il a été extrêmement compliqué de choisir les livres de ce mois-ci, et plus encore, pour certains, de les lire. D’ailleurs, j’aurais certainement dépassé les 4 livres ce mois-ci si je n’étais pas tombée deux fois de suite sur des livres que j’ai détesté presque d’emblée et qui m’ont coupé l’envie de lire pendant un petit moment. Pour l’un d’eux, j’ai abandonné et ferais peut-être une nouvelle tentative le mois prochain. Pour l’autre, j’ai continué malgré moi parce qu’il était court, et il est dans cette liste.
Le Styx coule à l’envers, Dan Simmons
Cher Dan Simmons. Comme une bonne élève assidue, je continue à lire tes livres, et décidément, aucun n’égale l’éclat d’Hypérion ou la froideur géniale de Terreur. Mais… ce livre de nouvelles, Le Styx coule à l’envers a quelques qualités non négligeables ! D’abord, il y a cette introduction écrite de la main de l’auteur à chaque nouvelle, qui en précise le contexte d’écriture ou livre quelques anecdotes. L’introduction à la première d’entre elles me parle, en tant que jeune autrice.
Quand aux nouvelles en elles-mêmes… Le problème est que beaucoup sont très marquées par une culture américaine dont nous n’avons que peu d’idées, en France. Pas de télévangélistes par ici, par exemple, ou du moins aucun qui n’ait l’importance qu’ils revêtent aux Etats-Unis. Mais de ce recueil, je retiendrais surtout la nouvelle éponyme, macabre et glaçante, et la dernière, A la recherche de Kelly Dahl, une épopée fantastique dans laquelle les émotions fleurissent, petit à petit, sans crier gare.
La Fille automate, Paolo Bacigalupi
C’est le plus gros morceau de cette liste de lecture, et pourtant c’est celui que j’ai dévoré le plus facilement, alors que pourtant son thème et ses personnages sont loin d’être facile. La Fille automate se déroule dans un futur envisageable, où les énergies fossiles se sont éteintes, remplacées par une guerre industrielle calorique dont le nerf est la maîtrise de la bioingéniérie et des plantes. Dit comme ça, ça a l’air barbant, mais ça ne l’est absolument pas. L’auteur y décrit un Royaume Thaï luttant pour son indépendance au milieu du chaos et des luttes de pouvoir, et des individus ballottés par les décisions qui les impactent et les montent les uns contre les autres.
Si vous envisagez de le lire, un petit trigger warning s’impose. L’histoire de l’automate est semée de violences extrêmement crues et racontées avec des détails glaçants, notamment de viols. A prendre en compte si vous êtes sensibles à ce sujet.
La porte des limbes, Erik Wietzel
Et on arrive au moment fatidique où je vais devoir dire du mal d’un livre. C’est rare, mais malheureusement ça arrive. Commençons par les qualités, parce qu’il y en a quelques unes : c’est bien écrit, même si un peu obscur et truffé d’un vocabulaire savant qui peut en rebuter certains, et vers la fin l’histoire s’améliore un peu. Il y a une ambiance gothique qui est assez intéressante et quelques références culturelles qui peuvent faire sourire.
Maintenant, les défauts : La porte des limbes est basé sur l’univers du jeu de rôle « Nephilim » et l’auteur va vous faire sentir, tout au long de la lecture, que si vous ne connaissez pas cet univers, vous n’avez rien à faire dans ce livre. Rien n’est expliqué, j’ai passé un quart de ma lecture à penser qu’il se passait telle chose alors qu’en réalité c’était telle autre chose qui se tramait (quand je l’ai compris, j’ai failli lâcher la lecture) et c’est incroyablement agaçant pour un lecteur d’être à ce point écarté de l’univers de sa lecture par un auteur qui a décidé que l’on était trop ignorant pour mériter l’entrée dans le livre – cela dit, apparemment des passionnés de ce jeu de rôle ont aimé le livre. Les personnages sont nombreux, très nombreux surtout pour un livre de cette taille (il fait 184 pages), et comme on ne comprend pas qui est qui, qu’est ce qu’il fait et qu’est-ce qu’il est, il est facile de s’y perdre aussi et pour la première fois de ma vie, j’ai été soulagée que certains meurent parce que ça en faisait quelques uns de moins à retenir pour arriver à suivre l’histoire. D’ailleurs, ne vous attendez pas à vous attacher aux personnages : ici, on est là pour l’Univers (même si on n’y comprend rien) et les personnages sont, au mieux, pas trop antipathiques.
Enfin, à partir de la moitié du livre on comprend à peu près le but de l’histoire, même si on ne comprend toujours pas à quoi ça rime, et on comprend aussi à peu près quels personnages ont une réelle importance, ce qui permet d’avoir une lecture un peu plus facile sur la fin.
Un peu plus loin sur la droite, Fred Vargas
J’avais dit, évidemment, que j’allais relire un Fred Vargas. C’est presque devenu un échappatoire pour moi, pour me remettre d’une lecture désagréable (coucou La porte des limbes). Ici, ce n’est pas Adamsberg que l’on suit (je veux entendre tout le monde pousser un « ooh » de dépit) mais Louis Kehlweiler, un ancien du ministère de l’intérieur qui a de toute évidence du mal à tourner la page et qui continue de mener des enquêtes. Une découverte d’apparence anodine l’entraînera dans un village de Bretagne où un supposé accident a eu lieu.
Et décidément, ce que j’aime, chez Vargas, plus que son talent pour le suspense, c’est ses personnages et leurs petites manies, leurs obsessions ridicules qui les rendent tellement humains.
On s’y attache vite, on y croit, on sourit et oui, ils sont indéniablement crédibles même si parfois ces manies sont un peu poussées à l’excès. L’histoire prend son temps pour se mettre en place, ce qui nous laisse tout le loisir d’entrer dans le monde qui nous est proposé.
Contrairement à ma lecture précédente, on a l’impression d’assister à l’histoire aux côtés de l’autrice qui nous fait de temps à autres un clin d’œil de connivence alors que nous regardons ensemble les actions de nos amis les personnages, et qui nous glisse un complice « T’as vu, c’est encore sa vieille marotte ! »