Pour ce mois de mars, et le tout premier « Lectures du mois » de ce nouveau site, je me retrouve avec une sélection assez éclectiques d’ouvrages : une trilogie avec laquelle j’ai un compte à régler, un recueil de nouvelles qui n’est pas ce à quoi je m’attendais et le dernier tome d’une saga de science-fiction dont j’avais oublié toute la complexité.

Image des cinq livres chroniqués ce mois-ci : les trois tomes d'A la croisée des mondes de Philip Pullman, Unlocking the air d'Ursula K. Le Guin et le cinquième tome de Terra Ignota, d'Ada Palmer

Philip Pullman, À la croisée des mondes, tomes 1 à 3

tome 1 : Les Royaumes du Nord, Tome 2 : La tour des anges, Tome 3 : Le Miroir d’Ambre

Tome 1 : Les Royaumes du Nord, éd. Folio Junior, 512 pages

Je commence ce mois-ci avec une lecture reportée de longue date, et pour cause ! Lorsque j’étais enfant j’avais été traumatisée par certaines scènes d’À la croisée des mondes au point d’arrêter au milieu du tome trois après une certaine scène de bateau (j’essaie de ne pas spoiler ceux qui ne l’auraient pas lu). Il m’aura donc fallu une petite vingtaine d’années pour oser découvrir la fin de ce chef d’œuvre qui aborde des thèmes durs et pourtant essentiels : comprendre la mort, le rapport à l’autre, l’amour, et surtout le passage à l’âge adulte, tant de sujets primordiaux à la sortie de l’enfance, gérés d’une main de maître par Philip Pullman, avec une tendresse infinie envers les personnages et les situations horribles qu’ils se retrouvent à vivre.

Pourtant, certaines situations peuvent être compliquées à comprendre pour des enfants (d’où ma difficulté lorsque j’étais jeune) et certaines discussions politiques ou scientifiques doivent échapper à la plupart du public junior, d’où l’intérêt de le relire plus tard pour en comprendre tous les enjeux. Pour ma part, je suis heureuse d’avoir enfin surmonté ce traumatisme pour redécouvrir ce chef-d’œuvre.

Ursula K. Le Guin, Unlocking the air

Ursula K. Le Guin, Unlocking the air, éd. ActuSF, 312 pages, 18 nouvelles.

Lire des recueils de nouvelle, pour quelqu’un qui comme moi a une préférence pour les sagas en 5 tomes (minimum), qui aime s’attacher aux personnages, aux petits détails de vie et aux univers foisonnants (ce n’est pas pour rien que je préfère la fantasy à tous les autres genres), cela peut-être une épreuve incroyablement frustrante, surtout quand, en décrochant un livre d’Ursula K. Le Guin, on s’attend à lire de la fantasy et qu’on y découvre des nouvelles bien plus ancrées dans la réalité. Mais la plume de l’autrice rend la lecture aisée et j’ai en réalité dévoré cet ouvrage avec un mélange de frustration et d’admiration pour la poésie qui se détache de chacune des nouvelles de ce recueil, pour la saisie brute et la compréhension infinie de l’âme humaine dont elle fait preuve.

Certaines nouvelles m’ont plus marquée que les autres, néanmoins, : « Une épouse enfant » ou « Tenir ses positions » pour la gravité des sujets qu’elles abordent, « La Grande fille à son papa » ou « Anciens » où je retrouve la voix Imaginaire que je m’attendais à trouver et qui touchent à la thématique de l’acceptation de l’Autre dans sa différence.

Ada Palmer, Terra Ignota, tome 5 : Peut-être les étoiles

Ada Palmer, Peut-être les étoiles, Terra Ignota livre cinquième, éd. Le Bélial’, 540 pages

La difficulté, lorsqu’on s’attaque à une série aussi ardue que Terra Ignota au fur et à mesure que les traductions sortent, c’est qu’entre temps, il y a fort à parier qu’on aura oublié une bonne partie des centaines de personnages qui la composent ainsi que quelques intrigues secondaires. Alors en atteignant le tournant du cinquième tome, qui signe la fin de cette saga, il s’agit de retrier les personnages, se remémorer les souvenirs à mesure que se rappellent les intrigues, un véritable travail pour le lecteur qui se trouve être, lui aussi, un personnage de la saga, aux côtés de Thomas Hobbes, posant des questions au narrateur avec exigence. Mais les principales difficultés de lecture des premiers tomes sont à présent derrière nous, à force d’habitude – la difficulté à comprendre les genres utilisés, l’écriture exigeante, les références nombreuses et ne reste alors que le plaisir d’avoir suivi à son terme ce chemin qui nous était proposé vers des terres inconnues.

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