Ces derniers temps, je me suis attelée à la lecture de certains livres écrits par des grands noms de la littérature mondiale sur leur pratique d’écriture, à la fois pour en tirer de la motivation et des conseils. Comme je les ai lus en plus de mes lectures de fiction habituelles et que ça n’avait à mon avis pas vraiment de sens d’en faire la critique puisqu’il s’agit de biographies et de réflexions sur leur pratique d’écriture, je ne les ajoute pas à mes habituelles lectures du mois. De même, je ne vais pas m’amuser à faire une liste de tout ce qu’il y a à tirer de ces ouvrages en termes de pratique d’écriture – je préfère vous encourager à les lire ! – mais je vais plutôt essayer d’analyser quelques idées proposées et d’en tirer une base de réflexion pour ma propre pratique… base de réflexion que je soumets à votre regard attentif. Je commence donc par Ecriture, Mémoires d’un métier, de Stephen King.

Que s’attendre à trouver dans cette oeuvre ?

Couverture de "Ecriture, mémoires d'un métier" par Stephen King, aux éditions Le livre de poche

Dans Ecriture, Stephen King revient dans une première partie « CV » sur son enfance et son parcours d’écrivain – véritable biographie inspirante, jalonnée d’humour, d’anecdotes et de conseils, ainsi que de sa réflexion personnelle sur l’écriture. La seconde partie, « Ecriture » est une petite mine d’or de conseils pratiques sur la langue, la boîte à outils de l’écrivain, la gestion des critiques, des éditeurs ou son avis sur les ateliers d’écriture. C’est un livre à avoir sur son étagère pour retrouver la flamme quand on se sent paniqué à l’idée d’écrire et qu’on a besoin d’être motivé par un grand mais aussi quand on a besoin d’outils concrets pour former son écriture.

Le livre souffre toutefois de deux problèmes qui rendent obsolètes certains conseils : la distance géographique et culturelle avec les Etats-Unis – les revues qu’il cite ne sont pas connues en France et n’ont pas d’intérêts pour des auteurs français qui chercheraient à se faire publier – et le temps : bien que le livre soit relativement récent puisqu’il date de 2000, le progrès technologique depuis et la démocratisation d’internet ont là encore rendu certains conseils inefficients puisqu’ils sont basés sur le contact courrier avec les éditeurs ou sur la présence de revues papier pour prendre connaissance du marché local de l’écriture – ou du moins ils nécessiteraient d’être adaptés et mis à jour pour prendre en compte l’état actuel de l’édition… Aux contacts majoritairement via le numérique et avec un certain embouteillage de textes en attente de leur éditeur.

Ceci étant dit, passons à l’analyse proprement dite.

Photo du livre "Ecriture, mémoires d'un métier" de Stephen King, aux éditions livre de poche

Ce que j’ai envie de retirer d’Ecriture pour ma pratique

Evidemment, je ne mets pas ici tout ce que je retiens de cet ouvrage, j’ai juste sélectionné trois idées que je trouve particulièrement pertinentes pour développer ma réflexion – et éventuellement la vôtre. Pour le reste, il faudra lire le livre !

Ne pas attendre que l’inspiration tombe du ciel

J’en ai parlé un peu dans la série « Ecrire un roman », mais il me semble que c’est une bonne chose que ce soit confirmé par Stephen King : l’inspiration ne vient pas de nulle part.

« Il y a un monsieur Muse, mais il ne va pas descendre en voletant dans votre bureau pour répandre sa poudre de fée créatrice sur votre machine à écrire ou votre traitement de texte. »

Stephen King, Ecriture, mémoire d’un métier, p. 169

Là où j’ai envie de développer cette idée et de m’en servir pour ma pratique de l’écriture, c’est que cela présuppose d’assumer qu’il y aura certains jours où l’inspiration ne viendra pas et où on écrira quand même, en se forçant. Ça permet d’admettre aussi qu’écrire n’est pas le produit d’une révélation divine mais un travail – qu’on soit publié ou non – qu’on a la chance de pratiquer par passion mais qui nécessite des sacrifices. Il s’agit d’écrire tous les jours, dans tous les cas, et de le faire avec rigueur, comme un sportif professionnel qui s’entraîne même par mauvais temps (je prépare dans cette phrase l’arrivée du prochain article d’analyse… Si vous avez une idée de quel roman et quel auteur vient cette comparaison, mettez le en commentaire !).

Même les jours où l’inspiration ne vient pas, il s’agit donc de procéder avec rigueur, d’être installé devant son bureau et d’essayer d’écrire. Et éventuellement – là c’est moi qui parle – si vraiment rien ne veut sortir pour un texte donné ou si cela finit par prendre des heures pour sortir quelques mots, accepter de passer à un autre texte pendant un moment ou sur un autre projet d’écriture avant de revenir au projet principal. En ce qui me concerne, pour ne pas me retrouver à tourner en rond quand je suis à court d’inspiration, je travaille la plupart du temps à la fois sur un roman et sur une nouvelle qui n’a rien à voir – et aussi sur ce site qui me permet d’écrire même si je n’arrive rien à sortir en ce qui concerne la fiction… J’en parlerai peut-être plus dans un prochain article.

On est auteur, pas réalisateur

Je passe sur la partie du roman où Stephen King nous donne des conseils bien plus pratiques sur l’écriture (tout y passe : grammaire, vocabulaire, façon de créer les scènes et les descriptions…) pour noter cette idée qui s’applique aux descriptions, mais aussi, je pense, à la totalité du roman :

« Une description commence dans l’imagination de l’écrivain et doit s’achever dans celle du lecteur »

Stephen King, Ecriture, mémoires d’un métier, p.207

Le fait que l’imagination du lecteur soit à ce point sollicitée est un des points qui différencient fondamentalement la littérature des autres arts. Certes, un réalisateur pourra choisir son angle de caméra, mais lorsqu’un écrivain choisit de dire « Il était bel homme » (par exemple), il fait appel à son lecteur pour imaginer l’homme qu’il a ainsi décrit en un mot, avec un résultat qui dépend de chacun, de ses goûts et de son vécu. C’est quelque chose qu’aucun film ne peut faire, recruter un acteur différent pour incarner la beauté aux yeux de chacun de ses spectateurs et c’est une force qu’il faut utiliser à notre avantage en tant qu’écrivain ; un lecteur sera sûrement bien plus impliqué dans l’histoire s’il peut transposer certains de ses éléments à ce qu’il connaît, d’où l’intérêt parfois de ne pas trop en dire.

Je pense que cela peut aussi s’appliquer, en dehors des descriptions, au reste du roman et même aux scènes d’action : suggérer certains éléments pour permettre à l’imagination du lecteur de compléter. J’imagine par exemple une grande scène de bataille : les cavaliers ne vont pas attendre que le héros regarde dans leur direction pour charger et ça peut rendre l’histoire d’autant plus vivante si le lecteur se rend compte que les personnages bougent dans son dos et peut compléter leur parcours de lui-même. C’est donc une idée que je retiens : imaginer dans sa globalité la scène, donner des billes de compréhension au lecteur et le laisser jouer avec ces billes pour que la scène devienne sienne.

Il faut aussi s’amuser…

Le mélange entre travail et passion est souvent compliqué à gérer ! Souvent, à force de vouloir trop en faire, on finit par oublier qu’on écrit aussi pour le plaisir, et pourtant, c’est un subtil équilibre entre les deux qui permet à l’art de s’épanouir pleinement. Travailler beaucoup, oui, mais c’est plus simple de travailler beaucoup quand on aime ce qu’on fait, et cela produit souvent de meilleurs résultats. Je pense que Stephen King serait d’accord avec moi sur ce point :

« L’art, de son côté, est le fruit d’une imagination créatrice qui travaille beaucoup et s’amuse bien »

Stephen King, Ecriture : mémoires d’un métier, p.220

J’ai un potentiel de bourreau de travail et je me suis déjà retrouvée à deux doigts du burn-out dans un ancien poste, je retiens donc ce conseil à la fois pour mon écriture et pour mes futurs projets professionnels : ne pas oublier de s’amuser dans ce qu’on fait (je n’ai pas besoin de me souvenir de travailler beaucoup…)

J’espère que ce premier article d’analyse des conseils d’un auteur qui sait de quoi il parle vous a plu, intéressé, fait réfléchir, faites-moi part de vos retours en commentaires. D’autres articles du même genre suivront bientôt de façon plus ou moins régulière.

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