Cet article est la suite de ma série sur Ecrire un roman dont vous pouvez retrouver les premiers épisodes ici si vous ne les avez pas lus. Aujourd’hui on s’attaque à une étape que je fais systématiquement après le premier jet, c’est mon côté architecte brouillonne (je planifie, mais je planifie mal donc je le refais plusieurs fois…) mais que peu d’auteurs font à ce moment-là, à ma connaissance : prendre un moment entre le premier jet et la relecture pour approfondir l’univers et les personnages.

pourquoi faire ça à ce moment-là ?

Beaucoup d’auteurs conseillent de laisser mijoter le roman pendant un moment entre le premier jet et la réécriture. Cela permet de prendre un peu de recul et d’observer son travail avec des yeux plus neutres. En général, on parle de six semaines environ. Personnellement, surtout pour un premier tome dont les personnages et l’univers risquent de beaucoup évoluer entre le moment où l’idée apparait dans ma tête et leur état final, j’aime bien ajouter à ce délai un moment pour retravailler mon univers et mes personnages sur mon plan. Ça me permet, à la réécriture, d’avoir des détails à ajouter, de gommer certaines incohérences et de rendre mon univers plus crédible. La plupart des architectes font cela durant leurs étapes préparatoires mais, comme je l’ai dit, je suis une architecte brouillonne – ou peut-être devrais-je dire une architecte impatiente – et je préfère écrire tant que l’idée est brûlante dans ma tête plutôt que de passer des semaines à tout prévoir. Donc mon plan d’avant premier-jet est un plan rapide, qui se concentre sur le scénario et les événements, mais ce que j’appelle « l’approfondissement » est une phase de world-building qui intervient une fois que j’ai déjà calé tout ça sur le papier. Encore une fois, chacun fait comme il veut, mais ça me permet de montrer que tout est possible.

Image d'illustration pour l'épisode 4 de la série Ecrire un Roman : Approfondir

Qu’est-ce que je travaille exactement pendant cette phase ?

Le but n’est pas de toucher au texte : si je retourne dessus, c’est uniquement pour vérifier certains éléments. Par exemple, c’est pendant la phase d’approfondissement que je vais établir ma chronologie pour vérifier que les parcours des personnages sont cohérents et que je ne les ai pas faits se retrouver à deux endroits à la fois, ou que je ne les ai pas faits se téléporter. Ça me permettra plus tard, pendant la réécriture, de corriger ces problèmes de cohérence très rapidement, en sachant précisément, chapitre par chapitre, quel jour on est et où sont chacun de mes personnages ce jour-là, même lorsqu’ils n’apparaissent pas dans le texte.

En terme de world-building, c’est également le moment où je vais peaufiner ma carte (en général déjà ébauchée avant le premier jet) pour y rajouter des lieux qui ne sont pas forcément dans le récit mais auxquels mes personnages pourront éventuellement faire référence. Je vais aussi en profiter pour travailler les légendes, les histoires que l’on se raconte dans mon monde, dresser les caractéristiques des peuples et des nations que l’on va y rencontrer, que je pourrais utiliser ensuite pour rajouter de la consistance dans mon récit. Mes personnages ont aussi droit à un retravail complet : je n’établis pas de fiches de personnages avant le premier jet parce que j’ai besoin de les voir vivre avant de décider quelles seront leurs constantes, mais à l’étape de l’approfondissement, je reprends tout ce que je sais d’eux pour dresser leur caractère final, m’assurer que leurs objectifs et peurs sont bien clairs dans ma tête et noter tout ça sur papier. Là encore, ça m’évite de passer des heures à la relecture à traquer les incohérences et à hésiter pour savoir si le comportement de tel ou tel personnage est logique.

et tout ça, avant de laisser mijoter…

Une fois que j’ai tous ces éléments notés quelque part (pour moi, il s’agit de fichiers traitement de texte, il m’est arrivé de le faire sur des carnets mais je finis par m’y perdre, je préfère tout ranger dans des dossiers), je dis « à bientôt » à mon texte et je n’y retouche plus pendant six semaines. Ni à lui, ni à aucun document lié de près ou de loin à son univers, et je m’interdis aussi d’y penser. Ça parait déstabilisant, et ça l’est, surtout après autant de temps passé à ne vivre que par lui, mais c’est fondamental pour aborder la relecture avec un œil à peu près neuf et arriver plus facilement à déterminer là où notre texte est bon et là où il faudra faire des retouches. Je ne vais pas faire d’article spécial sur l’attente entre le premier jet et la réécriture puisque – par définition – il ne se passe rien pendant ce temps-là (c’est l’occasion de travailler sur d’autres projets plus courts, comme des nouvelles) donc, le mois prochain, on se reverra pour parler relecture !

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