C’est un mois plutôt productif pour moi au niveau des lectures puisqu’en plus d’avoir presque terminé ma PAL du mois (excepté un livre abandonné en cours de route en partie à cause de l’édition dont la mise en page était catastrophique et en partie à cause de l’histoire qui n’arrivait pas à m’accrocher), j’ai aussi relu deux de mes coups de coeur – après tout, c’est l’été, à défaut d’être en vacances il faut en profiter pour se faire plaisir. Entre autres découvertes, j’ai donc enfin lu les Hunger Games. 

Suzanne Collins, Hunger games, tomes 1 à 3

Couverture de "Hunger Games", tome 1, par Suzanne Collins, aux éditions Pocket jeunes

C’est une première pour les Lectures du mois : c’est la première fois que je parle d’une saga dont j’ai lu tous les tomes les uns à la suite des autres. J’ai hésité à faire un article par tome, mais autant parler de la trilogie dans son entier, cela m’évitera de me répéter, et puis qui n’est pas déjà au courant de ce qu’est Hunger Games et de l’impact que cette série a eu ?

J’avais déjà regardé les films à peu près à l’époque de leur sortie et en avais retiré une impression mitigée : j’avais bien aimé, mais sans être transcendée. Je ne m’étais donc pas ruée sur les livres. Il est temps de réparer cette lacune et, disons-le tout de suite, ça fait si longtemps que je n’ai pas vu les films que la comparaison que je peux établir est que les livres ont éveillé nettement plus d’émotions en moi.

Car oui, je me suis retrouvée à de nombreuses fois avec la gorge serrée, obligée de continuer à lire comme si ma vie en dépendait, remuée jusqu’au fond des tripes. Il m’aura fallu six jours pour terminer les trois livres, ce qui est nettement plus rapide que ma moyenne habituelle et je reste encore bouleversée par la fin qui est tout sauf « grand public », comme on pourrait le croire venant d’un livre ayant donné lieu à un tel blockbuster.

Je ne prétendrais pas que ce livre est parfait, loin de là. J’ai levé un certain nombre de fois les yeux au ciel devant la propension de Katniss à s’estimer responsable de tous les malheurs du monde. Ça fait partie du personnage, mais c’est agaçant à un niveau tel qu’on a envie de la secouer par les épaules en lui hurlant que les autres aussi sont capables de prendre des décisions et que ce n’est pas parce qu’elle a fait tel choix que telle fraction de la population ou tel personnage est mort. J’ai aussi trouvé certaines longueurs dans le troisième tome, quand à l’écriture, simple et efficace, elle fait le travail sans vraiment avoir ce « petit plus », selon moi. Mais le fait est que l’idée fonctionne, que je n’ai pas décroché de la saga avant de l’avoir terminée et que j’ai été vraiment transportée dans cet univers. Et c’était ce que j’attendais de ce livre.

Terry Pratchett, Nation

Si je connaissais Terry Pratchett pour le Disque-Monde (que je n’ai toujours pas terminée mais dont j’ai récemment critiqué une adaptation en film), je n’avais pas encore eu l’occasion de lire un autre type d’oeuvre de sa part, n’entrant pas dans l’univers colossal du Disque-Monde. Si j’ai sélectionné ce livre un peu par dépit (j’aime bien l’écriture de Pratchett mais le résumé ne m’inspirait pas vraiment), je suis heureuse d’avoir dépassé mes préjugés car j’ai passé un très agréable moment à retomber en enfance avec Nation, son île perdue et son humour tout en finesse.

S’il ne s’agit pas d’un roman de fantasy, l’histoire de Nation s’inscrit dans un univers alternatif assez semblable au nôtre, prétexte à une uchronie délicieuse, à un dépaysement total digne de ces vacances d’été sur une île ravagée par un raz-de-marée mais qui se reconstruit doucement et se recrée une identité. Et Nation, c’est ça, sous couvert d’humour (sinon ce ne serait pas du Terry Pratchett), une réflexion toute en finesse sur la science et les dieux, sur l’esprit de communauté et la place qu’occupe chacun dans celle-ci.

C’est aussi des personnages atypiques, attachants, forts chacun à leur manière, qui apprennent et progressent les uns avec les autres. Un roman feel-good sans même vouloir l’être, un roman d’aventures qui prend le temps de s’installer, bref, une très belle découverte !

Amanda Sthers & Aurélie Jean, Résistance 2050

Ce n’est jamais agréable d’avoir à dire du mal d’un roman. C’est d’autant plus désagréable lorsque la principale critique qu’on a à faire à un roman est « ceci n’est pas un roman ». Sous couvert d’une histoire simple voire simpliste (l’humanité s’est fait implanter des puces dans le cerveau pour augmenter ses capacités cognitives et sa résistance à certaines maladies) c’est en effet plutôt un essai qui nous est proposé, sans que ce ne soit assumé, malheureusement. Le choix d’une narration à la troisième personne du présent ne facilite pas les choses en donnant l’impression d’un récit clinique, froid, factuel, d’une liste de faits énoncés les uns après les autres sans effet de style. L’intrigue halète, quelques phrases coincées entre des pages et des pages d’explications – par ailleurs bien documentées et crédibles – les personnages sont plats, fades, clichés et simples prétextes à faire apparaître des points de vue différents… points de vue qui finissent de toute façon par tous plus ou moins se rejoindre. 

Les autrices ne savaient d’ailleurs tellement pas quoi faire avec leur intrigue de base qu’elles ont fini par caler une histoire de premier contact qui ne va nulle part et, d’un point de vue romanesque, on a l’impression d’une première partie d’une trilogie en trois tomes (en admettant que le premier tome ne soit pas terminé).  

Je crois que je n’ai jamais été aussi dure avec un roman, je me dois donc de nuancer un peu. Si on le prend en tant qu’essai sur les conséquences possibles du postulat de base (cette histoire de puce), cet ouvrage est loin d’être mauvais. Il traite assez bien les différentes conséquences possibles de l’implantation de puces neurologiques, aussi bien du point de vue de l’individu que de la société ou à un niveau géopolitique. Cependant il n’apporte pas énormément de nouveauté par rapport à ce qui existe déjà en matière de transhumanisme ayant déjà exploré ces sujets (même pas besoin d’aller chercher dans les livres pour cela : c’est le pitch du jeu Deus Ex : Mankind Divided, qui va bien plus loin et plus finement en termes de conséquences). J’en viendrais presque à me demander si les autrices ont lu ce qui se faisait en terme de science-fiction avant d’écrire leur livre mais je redeviendrais méchante et je n’en ai pas envie. Comme vous l’avez deviné je n’ai pas l’impression que cette expérience de lecture m’ait apporté énormément, mais je pense qu’il y a un public pour ce genre de livre à mi-chemin entre l’essai et la fiction.

charles Mazargull, Waterbacks

Encore un livre travaillant sur des conséquences exacerbées du changement climatique (j’ai bientôt de quoi faire une liste thématique) avec cette fois-ci une France envahie par le désert et contrôlée par le besoin de trouver de l’eau à n’importe quel prix. Les protagonistes sont des Waterbacks, transportant le précieux liquide pour le compte d’une société contrôlant tout l’approvisionnement en eau, qui, après une erreur, se retrouvent poursuivis par ladite société.

Le livre est court mais efficace, tout en action sans oublier de laisser une grande place aux personnages et à l’évolution de leur relation. On s’y attache vite, ils sont crédibles, tous avec leur propre passé, leurs envie et leurs manies. Tous ou presque, même les antagonistes, sont en demi-teinte, produits d’un monde sans pitié qui ne leur laisse d’autre choix que de se montrer aussi durs que lui pour y survivre. Car malgré sa longueur, Waterbacks parvient à installer une ambiance et un univers cohérents, impitoyables, nous fait entrevoir un futur aride qui pourrait paraitre exagéré mais qui, au train où vont les choses en terme de réchauffement climatique, semble de plus en plus crédible.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, Waterbacks arrive aussi à instiller l’espoir à petites gouttes, à travers les choix de ses personnages et les restes de compassion qui se retrouvent, ça et là, dans une humanité meurtrie. Un roman équilibré, qui parvient à aller à cent à l’heure sans oublier les émotions et (vous connaissez ma passion pour les jeux de mots ?) une vraie dose de fraîcheur dans cette pile à lire.

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