Au début du mois, j’étais encore plongée dans mes cartons de déménagement et dans une relecture depuis le mois dernier… avec ça, difficile de m’imaginer faire les lectures du mois comme d’ordinaire (le site a d’ailleurs un peu pâti de mon indisponibilité). Pourtant, j’ai fini par m’y mettre et même si j’avoue avoir un peu débordé sur octobre (c’est l’avantage de publier ces bilans le 1er samedi du mois… mais comme on est dimanche je me suis un peu loupée sur ce coup-là) j’ai quand même réussi à lire les quatre livres que j’avais prévu. Dans le lot, les trois premiers (dont une saga en deux tomes) sont des recommandations trouvées sur bookstagram et disposent déjà d’une sacrée fanbase, le dernier était noté dans ma pile à acheter depuis des mois…

Leigh Bardugo, Six of crows, TOMES 1 et 2  

Couverture de "Six of Crows", tome 1, par Leigh Bardugo, aux éditions Milan
Je dois bien le reconnaître : j’ai totalement loupé la hype à la sortie de cette saga puisque les deux tomes sont sortis respectivement en 2016 et 2017 (un jour qui viendra peut-être très bientôt, je vous parlerai du trou de plusieurs années dans mes lectures de l’imaginaire…), mais il est assez facile de se rendre compte de l’impact qu’a eu cet ouvrage, ne serait-ce que parce qu’une adaptation a été faite sur Netflix de l’univers dans lequel il se déroule (Shadow and Bone : la saga Grisha, que du coup j’irai probablement regarder et chroniquer un de ces quatre. Six of Crows démarre dans la cité de Ketterdam et plus précisément dans le Barrel, le quartier malfamé de la ville, dans lequel les personnages luttent pour survivre au sein de gangs qui se livrent un combat acharné pour la suprématie sur cette ville. Kaz Brekker, le bras droit du commandant des Dregs, y accepte une mission particulièrement risquée pour laquelle il devra réunir une équipe triée sur le volet et se rendre loin au nord pour infiltrer un lieu réputé imprenable et en extraire l’homme le plus convoité et recherché du monde. Je ne résume pas plus loin par crainte de spoiler, mais on a déjà plusieurs éléments que j’apprécie particulièrement : ici, il n’est pas question de princes et de héros, mais de gangs, de personnages issus des bas-fonds et ça me met en joie.
Ca leur donne une liberté de ton et d’action particulière, d’autant plus que leur morale – particulièrement celle de Kaz Brekker – est parfois discutable et plus le temps passe, plus j’apprécie les personnages qui ne font pas que défendre la veuve et l’opprimé. Les personnages, d’ailleurs, et leurs relations, sont l’une des plus grandes forces de ce roman. Le développement des relations se fait de manière organique, même s’ils ont tous des liens avec les autres avant le commencement du récit… Leurs liens et leurs histoires se dévoilent dans des flash-backs qui, pour être honnête, sont parfois un peu nombreux, particulièrement dans le tome 1, mais qui sont placés de manière à ne jamais ralentir le récit. Ils se mettent au service des personnages pour nous aider à comprendre leurs motivations et leurs histoires et force est de constater que ça fonctionne.  L’univers est assez développé, avec ses nombreuses nations dont nous avons un aperçu convainquant et un certain nombre de représentants parmi les six personnages principaux du roman, bien que pour être honnête, j’ai eu du mal au début à comprendre les histoires politiques qui régissaient ce monde ainsi que son ancrage dans le temps. Je me suis ainsi rendue compte qu’en commençant un ouvrage de fantasy, à défaut d’indications contraires, je le situais dans un univers médiéval, ce qui m’a un peu fait sortir de ma lecture lorsque je me suis rendue compte que les mitraillettes et les tanks étaient admis dans cet univers. J’ignore encore s’il s’agit d’une inattention de ma part ou si le roman floute délibérément ses repères temporels. Dans tous les cas, ça n’impacte pas vraiment la lecture. En résumé, c’était une belle découverte et j’ai passé un très bon moment de lecture, avalant très vite les deux tomes (ce qui m’a donné l’espoir de rattraper tout le retard que j’avais pris en démarrant mes lectures si tard).

Sarah J. Maas, Un palais d'épines et de roses

Couverture de "Un palais d'épines et de roses" par Sarah J. Maas aux éditions La Martinière jeunesse
Bon. Il est temps de s’attaquer aux choses qui fâchent. Je sais que Un palais d’épines et de roses a eu un succès gigantesque et mondial et que Sarah J. Maas est devenue une référence avec ses nombreux romans mais… je n’ai vraiment pas que du bien à en dire. Un palais d’épines et de roses raconte l’histoire de Feyre qui, après avoir tué par erreur un immortel, se retrouve emmenée par un Grand Fae de l’autre côté du mur qui sépare les mortels des faes afin de payer la dette qu’elle a contractée. Pourtant, elle n’est pas prisonnière et on la traite bien, ce qui est particulièrement louche vu que les faes ont autrefois réduit les humains en esclavage et que leurs relations sont plutôt tendues depuis.
Commençons, si vous le voulez bien, par les aspects positifs de ce roman : s’inspirant pour beaucoup de contes de fées – à commencer par La Belle et la Bête – il parvient à trouver son originalité sans pour autant laisser de côté l’essence des textes qui l’inspirent et dont on trouve quantité de petites références ça et là. Il y a un côté vraiment magique, une ambiance particulière qui se dégage de ce texte grâce à cela, qui l’écarte quelque peu de la fantasy classique, même si l’univers pourrait être plus travaillé.
Maintenant, si vous êtes un grand fan de cette série, allez faire un tour ou, si vous voulez rester, promettez de pataper. J’ai une nouvelle confession à vous faire : la romance, ce n’est pas mon truc. Cela ne me dérange pas, évidemment, qu’il y en ait dans les romans de fantasy que je lis ou dans la science-fiction, mais je n’ai pas l’habitude de lire des romans dont l’histoire d’amour est le point central et névralgique (de la romantasy, donc… c’est ma première). J’arrive donc, pour ainsi dire, avec un oeil neuf à ce point de vue. Et je ne suis pas sûre que les relations décrites dans Un palais d’épines et de roses soient des exemples à suivre. Bon, la relation entre Feyre et Tamlin est globalement correcte la plupart du temps, même si basée sur un socle carrément bancal voire même déjà renversé (à savoir, la captive qui tombe amoureuse de son geôlier). Vous allez me dire : oui mais c’est inspiré de la Belle et la Bête, et puis en plus elle n’est même pas vraiment prisonnière… et je vous accorde ce point là, d’où le fait que je parle de « globalement correcte »… La plupart du temps. Par contre, il y a un ENORME problème au niveau de la notion de consentement à plusieurs moments du récit. Autant avec Tamlin qu’avec un autre personnage qui arrive bien plus tard dans le roman et qui s’en tire bien trop facilement avec – en plus – la promesse de devenir plus important dans les tomes suivants. D’ailleurs j’en profite pour noter que le roman est étiqueté jeunesse mais qu’il contient un grand nombre de scènes explicites, ce qui décidément mérite un nouveau rappel que ce n’est pas parce qu’il y a de la magie et des fées que c’est forcément pour enfant. Donc, voilà, bravo, je suis grognon maintenant. Et ce n’est pas fini. Je n’ai pas réussi à trouver l’héroïne convaincante. Sa quête initiale (trouver un moyen de se défaire du traité qui la force à rester chez les fae) aurait dû s’arrêter au bout d’une cinquantaine de pages, mais quoi qu’on lui dise ou lui prouve, même si elle voit bien que non seulement elle ne peut pas s’en défaire mais qu’en plus c’est bien mieux pour tout le monde, y compris pour elle, qu’elle reste là, elle continuera à s’acharner alors que le lecteur commence à se demander si elle est stupide (ce qui sera confirmé aux deux tiers du romans quand, malgré les sous-entendus très nombreux et très appuyés qu’elle recevra sur la façon de régler l’énorme problème, elle continuera de rester centrée uniquement sur sa petite personne ce qui prolonge le roman d’un tiers supplémentaire). Et c’est un gros problème puisque, à priori, le lecteur devrait se sentir concerné par le sort de Feyre et que je n’ai vraiment pas réussi à l’être. D’ailleurs le seul personnage qui ait un tant soi peu éveillé des émotions chez moi est le père de Feyre, dont tout le monde se fout mais qui, lui, a quelque chose qui le rend unique et crédible. Les autres sont… Caricaturaux, exaspérants, voire les deux à la fois. Bref, même si je n’ai pas passé un horrible moment en lisant ce livre, j’ai quand même de gros problèmes avec son écriture très simple, l’absence d’empathie que j’ai eue pour les personnages et surtout cet espèce de fantasme sur la zone grise autour du consentement qui vraiment ne passe pas. Du coup je suis embêtée parce que d’ordinaire, je termine toujours les séries que je commence, mais là j’ai peur que ça ne s’améliore pas par la suite et je pense que je vais me renseigner sérieusement avant de m’y mettre, pour savoir si ça s’améliore ou si c’est toujours comme ça.

 Guillaume CHAMANADJIAN, Capitale du sud, Tome 1 : Le Sang de la cité

Couverture de "Le Sang de la cité" tome 1 de la partie Capitale du Sud du cycle de la Tour de Garde par Guillaume Chamanadjian aux éditions Livre de poche
Est-ce qu’on serait sur le second coup de coeur de cette année (après les Révoltés de Bohen d’Estelle Faye) ? Mais sans aucun doute ! Le sang de la Cité est dans ma PAA (Pile à acheter, puisque je fais partie des hurluberlus qui n’ont pas de pile à lire de plus de quatre ou cinq livres parce qu’ils n’achètent pas les livres en avance, mais que j’ai en revanche une liste d’une bonne centaine de titres à acheter) depuis plusieurs années et pour une raison qui m’échappe, j’en avais toujours différé la lecture, sauf que les auteurs passent bientôt dans une librairie non loin de chez moi et que c’était l’occasion de me bouger le… bref, il fallait bien commencer par le tome 1 d’une des deux séries (puisque la Tour de Garde est une série écrite à quatre mains avec Claire Duvivier, chacun se concentrant sur une ville de cet univers). Et quelle découverte ! Vous savez, je passe beaucoup de temps à me lamenter sur les univers que je découvre et ma critique principale, la plupart du temps, c’est que je trouve que l’univers manque de développement… alors, cette oeuvre laisse de nombreuses zones d’ombres dans l’univers tissé ici, mais en revanche, pour cette fois, je peux le pardonner étant donné à quel point la Cité est vivante et riche. Elle a une ambiance, un rythme, une saveur, une odeur, elle nous happe dès le début du roman et nous garde jusqu’à la fin dans ses rues infernales, à tel point qu’on en vient à être d’accord avec le personnage principal qui parle du « chant de la Cité » parce qu’en tant que lecteur, on a le privilège d’avoir l’impression de l’entendre aussi.

Si l’intrigue prend son temps pour démarrer et se développer, ça n’en rend que plus vivant ce qui nous entoure tout au long de la lecture. On n’est pas là pour tourner des pages, on est là pour ressentir une ambiance, pour saliver devant un met préparé avec soin à notre intention, pour tendre les oreilles et entendre la cohue de la ville. Le reste – qu’il s’agisse des personnages ô combien crédibles et vivants ou bien des intrigues auxquels le héros se retrouve mêlé malgré lui, lui qui se satisfait de sa vie de commis d’épicerie – n’est qu’accompagnement.

Et à mesure qu’on lit, le récit gagne en intensité jusqu’à ce que décoller les yeux des pages devienne impossible et qu’en fermant le livre (tiens, déjà ?) on en vienne à regretter de ne pas avoir la suite sous la main, parce qu’à la sortie de cette Cité qui a su nous happer, notre petit canapé nous parait soudain bien vide.

C’est donc la plus chaude recommandation de ce mois-ci et oui, sans hésitation aucune, toute la suite de cette saga est miraculeusement apparue sur ma PAA ! 

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