Je n’ai de mal à dire d’aucun des livres ce mois-ci, rendons grâce à tous les dieux de la Lecture ! Pour le mois de l’imaginaire (c’est mon excuse, ce mois-ci) j’en ai profité pour lire exclusivement de la fantasy, mais dans des sous-genres extrêmement différents : entre la fantasy urbaine/de moeurs de la Tour de Garde, le croisement romance/feel-good/fantasy de La Société très secrète et le Dark Academia d’Atlas Six, je suis comblée et une nouvelle fois ravie de découvrir/redécouvrir tout ce que mon genre préféré a à offrir !

Guillaume Chamanadjian, Capitale du sud, TOME 2 : Trois lucioles

Cycle de la Tour de Garde

Couverture de "Trois Lucioles", tome 2 de Capitale du Sud - du cycle de la Tour de Garde par Guillaume Chamanadjian, aux éditions Le livre de poche

Est-ce que je me suis ruée à la librairie dès la fin du premier tome pour acheter le reste ? Oui, c’est fort possible. Est-ce que j’ai eu un nouveau coup de coeur pour cette suite ? Mais oui, c’est évident. Est-ce que je me suis maudite d’avoir pris le premier tome en version poche alors que la série n’est pas encore sortie en totalité alors que j’aurais déjà pu tout dévorer ou presque si j’avais pris l’édition Forge de Vulcain ? HAHAHA absolument. Et je continue de m’autoflageller en y pensant, donc je vous prie de ne pas trop remuer le couteau dans la plaie. 

Car oui, je persiste et signe : cette série est un véritable courant d’air frais dans la fantasy actuelle. Loin de la recherche de l’action pour l’action et du page-turner à tout prix (même si je ne crache ni sur l’un, ni sur l’autre), la Tour de Garde, et Trois Lucioles puisqu’on parle de celui-ci, prend le temps de s’installer. C’est une saga qui se savoure – même si je l’ai engloutie, mais je suis trop affamée de bonnes lectures pour prendre mon temps. Trois Lucioles gagne en intensité et en action par rapport au premier, mais sans jamais que ce ne soit au détriment de l’ambiance. Si Le Sang de la Cité déployait ses couleurs, ses odeurs et ses goûts, nous faisait saliver face aux étals de ses marchés, Trois Lucioles nous dévoile un aspect beaucoup plus cru et cruel de la Cité, qui s’amorçait à peine à la fin du tome 1. Plus vif, plus incisif, moins contemplatif et plus froid aussi, mais toujours aussi beau !

C’est aussi ce sentiment d’une pente fatale pour le héros qui donne cette impression de froideur. Quoi qu’il fasse, quels que soient ses choix, le résultat promis semble inéluctable, comme s’il n’était finalement, qu’un pion dans un jeu bien plus grand. On entrevoit petit à petit les fils se tisser autour de lui, donner un sens à ses actions mais le poussant toujours vers la même issue. Sur la fin, peut-être une lueur d’espoir peut-elle être aperçue, mais encore bien loin, et à quel prix ! 

Quant aux personnages, je crois bien que je continue de tomber petit à petit amoureuse de Nox. Encore un peu trop optimiste dans le premier tome, il prend conscience de la noirceur du monde et de ce que celui-ci va exiger de lui. De plus en plus indépendant, parfois contre sa volonté, il fait preuve d’une résilience à toute épreuve, s’adapte et évolue, et paraît toujours tellement humain.

CLAIRE DUVIVIER, CAPITALE DU NORD, TOME 1 : CITADINS DE DEMAIN

Cycle de la Tour de Garde

Couverture de "Citadins de demain", tome 1 de Capitale du Nord - du cycle de la Tour de Garde par Claire Duvivier aux éditions Livre de poche
En parlant de coups de coeur, est-ce que je vous ai déjà parlé du cycle de la tour de Garde ?  Oui, bon, d’accord, j’ai enchaîné avec le cycle de la Capitale du Nord parce que je n’ai pas fini de dévorer tout ce que je pouvais de cette série. J’aime beaucoup la plume de Claire Duvivier mais j’espérais quand même – parce que mes coups de coeur sont rares – que le cycle côté Capitale du Nord soit aussi excellent que celui de la Capitale du Sud. Et la réponse est : évidemment que oui ! L’écriture à quatre mains, parfaitement maîtrisée dans ce cycle, a ceci de merveilleux que les deux villes qui prennent vie sous les plumes de leurs auteurs respectifs gagnent une identité propre et totalement différentes de celle de l’autre. La capitale du Nord a ainsi une ambiance, une couleur, une odeur particulière, qui n’est pas la même que celle du Sud, et, bien sûr, cela à autant à voir avec la construction de chaque univers et des spécificités de chacune des villes (celle du Sud fait la part belle à la poésie et à l’art, tandis que celle du Nord suit la voie de la science et de la raison) qu’avec la façon de narrer particulière qu’a chaque auteur. Les fameux citadins de demain dont fait partie Amalia, le personnage narrateur, sont ainsi élevés dans l’espoir d’en faire des esprits éclairés, capables d’objectivité et moins soumis aux émotions et biaisés que la moyenne. On encourage ainsi des expériences diverses, mais en les coupant le plus possible de la fiction.

Cela dessine une réflexion très intéressante sur le rôle de la fiction dans l’éducation, dont j’espère qu’elle sera développée dans la suite de la série. Et cela donne aussi, pour Amalia, un personnage cynique à souhait, à l’esprit rationnel et scientifique qui perd rapidement ses moyens lorsqu’il s’agit d’émotions ou lorsqu’on lui raconte une histoire. Sa voix est immédiatement reconnaissable – notamment parce qu’elle emploie les temps du récit même dans les dialogues, ce qui lui donne un style un peu prétentieux et vieillot, démenti par l’accès que l’on a à son intériorité. En termes de dynamique, le cycle de la Capitale du Nord a, dès le départ, un rythme plus rapide que celui du Sud (ou plutôt que le premier tome de celui du Sud) et, si parfois certains flashbacks ou histoires croisées peuvent dérouter, ce n’est jamais au détriment de la narration et jamais au point de perdre le lecteur.

Une nouvelle fois, donc, un coup de coeur pour cette série que je recommande très vivement !

Sangu Mandanna, La Société très secrète des sorcières extraordinaires

Traduction par Laureline Chaplain

Couverture de "La société très secrète des sorcières extraordinaires" par Sangu Mandanna aux éditions Lumen
Ce livre défraie la chronique sur bookstagram depuis plusieurs semaines. Parce que c’est l’automne, qu’on a envie de lire au coin du feu, d’histoires de sorcières mais aussi de douceur de vivre et de thé et que La Société très secrète des Sorcières extraordinaires fait un peu tout cela à la fois. C’est une lecture toute douce, à prendre sous un plaid avec un chocolat chaud pour apprécier la bienveillance qui transparaît de chacune de ces pages. Une lecture optimiste, presque naïve, qui donne chaud au coeur d’un bout à l’autre, redonne un peu d’espoir en l’humanité, et ça fait extrêmement de bien. Ici, pas de tensions insurmontables, de personnalités si incompatibles qu’elles ne puissent finir par s’entendre, pas de mauvaises ondes, simplement une tranche de vie partagée entre des personnages bienveillants, dans un petit cocon de douceur menacée que l’on aimerait bien rejoindre. J’ai finalement assez peu de choses à en dire : ce n’est pas le genre de lecture auquel je suis habituée, tirant presque plus sur la romance et le feel-good que sur la fantasy, mais j’ai passé un très bon moment à le lire (comment pourrait-ce ne pas être le cas avec tant de douceur). Je me rends compte que je suis plus à l’aise avec une fantasy plus sombre, qui dénonce et expose un monde cruel, mais cela ne m’a certainement pas empêchée d’apprécier ce livre.
Ca l’empêche peut-être cependant d’être un vrai coup de coeur, parce que ce n’est pas forcément ce que je recherche dans un livre, mais ça reste néanmoins une chaude recommandation, surtout si vous avez le moral entre les chaussettes et que vous avez besoin d’un peu de réconfort.

 Olivie Blake, Atlas Six, tome 1

Traduction par Anath Riveline

Couverture de "Atlas Six", tome 1, par Olivie Blake aux éditions Michel Lafon
Et justement en parlant de douceur et de réconfort : voici un livre qui ne vous en procurera absolument aucun ! Ici, les gens sont presque tous mauvais, les relations humaines sont entachées de non-dits, de toxicité, d’ambitions ou d’arrières pensées. C’est à la fois un livre cynique et une lecture exigeante, où on a souvent du mal à savoir quelles sont les réelles intentions des personnages… mais on comprend très rapidement qu’il n’y a pas de place pour la tendresse dans la Société Alexandrienne. On est ici sur de la fantasy dark academia qui mélange science et magie, dans une réalité alternative de notre monde où médéiens (les magiciens de ce monde) occupent les places les plus privilégiées de la société et où la fameuse bibliothèque d’Alexandrie n’a pas brûlé mais a été déplacée par une société pour être protégée et son accès, restreint. Si le roman pose parfois la question de la mise sous clé d’une partie du savoir par une élite soi-disant bienveillante, il ne cherche pas pour autant à en faire le centre de son intrigue qui (on l’aura dit) est plus centrée sur les relations entre individus et leur potentielle destruction mutuelle. Le duo science-magie fonctionne plutôt bien mais il est souvent survolé ou utilisé uniquement pour servir de prétexte pour approfondir lesdites relations. Et, évidemment, je trouve ça un peu dommage : à force de le répéter, vous allez finir par savoir par coeur à quel point je préfère les univers qui prennent le temps de s’installer, d’instaurer leurs règles, de nous faire comprendre leur histoire, leur magie, leur rapport au reste du monde (ou qui n’en prennent pas vraiment le temps mais parviennent malgré tout à le faire comprendre au lecteur… Est-ce que je vous ai déjà parlé d’Education Meurtrière ?)

Mais je ne peux pas nier que c’est efficace ! Même si j’ai mis un peu de temps à vraiment entrer dedans (ce n’était pas vraiment la faute du livre, plutôt de tout plein d’autres choses qui me concernent), une fois happé, il est difficile d’en ressortir. Alors même si je préférerais qu’il soit plus fouillé et que je ne le mettrais pas entre les mains de n’importe qui, je recommande aussi cette lecture. 

Et qu’est-ce que ça fait du bien les mois où il n’y a pas une seule critique négative !

Je vais d’ailleurs un peu changer mon fonctionnement à partir du mois prochain : je ferais mes critiques sur Instagram au fur et à mesure que je termine les livres. Le bilan sera toujours sur le site à la fin du mois, mais ça me permettra d’approfondir un peu plus chaque livre sur Instagram, de diminuer un peu le temps que j’y passe en fin de mois et de faire des critiques peut-être un peu plus construites puisque les lectures seront plus fraîches dans ma tête ! 

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