Cela faisait assez longtemps qu’il n’y avait pas eu de critique de jeu-vidéo sur ce blog – en grande partie parce que je n’arrive pas à me mettre dans l’humeur pour jouer aux gros jeux récents (notamment Starfield que j’ai commencé mais sur lequel je n’arrive pas à faire des sessions de plus de quinze minutes). Donc, j’ai décidé de me tourner vers des jeux moins énormes, qui prennent un peu moins de temps à terminer. Et, dans le cas de Bramble, cela m’a forcée à sortir de ma zone de confort de façon assez violente puisque, je l’ai déjà dit dans des critiques de livres, je suis une grande peureuse qui ne supporte pas l’horreur. Et si pour un livre, je peux encore tolérer jusqu’à certaines limites, dans le cas des jeux-vidéos, il m’en faut beaucoup pour accepter ne serait-ce que de regarder quelqu’un jouer à un jeu d’horreur, sans parler de prendre moi-même la manette. Et je ne l’avais jamais fait avant.
En même temps, est-ce que ça fait si peur que ça ?
Si j’ai finalement décidé de jouer à Bramble – de jour et sous un plaid pour me protéger, bien sûr – c’est parce que l’ambiance dévie tout de même un peu des jeux d’horreur à gros budget. Après tout, on a une caméra suffisamment éloignée du personnage (j’aurais l’occasion d’en reparler, de cette caméra…) pour avoir l’impression d’être spectateur et observateur de l’histoire plutôt que les vues FPS, très fréquentes dans les jeux d’horreur, qui vous placent directement aux premières loges et se heurtent, chez moi, à un refus tout net.
De même, les graphismes du jeu ne cherchent pas le photoréalisme et font beaucoup penser à des illustrations de contes ou de légendes – là aussi, j’y reviendrai – qui permettent de mettre une distance bienvenue avec les horreurs que l’on va rencontrer en chemin. Des horreurs qui sont, justement, tirées de la mythologie scandinave et portent, pour une partie du moins, des noms que les amateurs de fantasy connaissent bien : trolls, sorcières, et même une pesta qui sera sûrement évocatrice pour ceux qui ont joué à The Witcher 3, même si, dans le cas de Bramble, elle est véritablement terrifiante. Et ce qu’on peut nommer fait déjà moins peur…
Alors, je ne suis pas en train de dire que le jeu ne fait pas peur, mais il le fera plutôt en jouant sur la dimension symbolique, psychologique et la mise en tension, d’une façon plus subtile que d’autres jeux d’horreur. Le fait de jouer un enfant, Olle, qui sera petit à petit mis dans des situations de plus en plus dramatiques, joue beaucoup car en l’incarnant, on se sent terriblement démuni face à tout ce qu’il va voir, et dans le même temps on aurait envie de lui éviter toute cette violence et la solitude qu’il rencontrera au cours de son long voyage dans la forêt pour retrouver sa soeur, enlevée par un troll. La tension vient donc principalement de la vulnérabilité d’Olle. Ce n’est certainement pas un jeu pour enfant, n’en déplaise au PEGI 7 (parfois, je me demande comment ils le calculent… Si j’avais joué à un jeu pareil à sept ans, j’en serais encore traumatisée aujourd’hui.) et aux graphismes parfois mignonnets, surtout au début.
Le pire des pires ennemis du gamer
Passons maintenant à un problème de taille, qui sera notre pire ennemi tout au long du jeu. Et il sera bien loin devant les trolls, les zombies, les monstres sortis des pires cauchemars de notre héros, car celui-ci sort tout droit des pires cauchemars d’un gamer des années 2000… J’ai nommé : la caméra.
Et ça fait sacrément mal de dire cela d’un jeu par ailleurs excellent, mais en 2023, mourir 99% du temps à cause d’une caméra mal placée, ce n’est plus acceptable. Bramble a fait le choix d’une caméra éloignée du personnage et que le joueur ne pourra pas placer à sa guise : elle est positionnée pour donner une idée de la direction à prendre, offrir des plans savamment calculés, participer à l’immersion en s’éloignant ou en se rapprochant du personnage selon ce que l’histoire veut nous cacher ou nous montrer… Sauf que mourir en tombant dans une flaque d’eau parce que la caméra est aux fraises, c’est incroyablement frustrant. Et quand ça se répète, à l’infini, c’est encore pire. Bramble est loin d’être un jeu difficile : même s’il dispose de phases de boss dont il faudra apprendre les différentes attaques et les patterns (rien de nouveau sous le soleil), la façon de les vaincre est assez intuitive la plupart du temps et il suffit de les combattre une fois, qu’on meure ou non, pour savoir comment les vaincre. Alors quand les boss ne posent pas particulièrement de difficultés et que la majorité des morts que l’on a dans le jeu (mais nombreuses) se trouvent être à cause d’un angle de caméra très joli mais totalement inutile je-veux-voir-devant-moi-siouplait-merci-bisous, il y a de quoi être agacé. Cela dit ce n’est pas si rare que ça – je pense notamment à A Plague Tale 2 (je vous en parlerai peut-être un jour, de celui-ci) qui m’a fait jeter la manette à cause de ses choix de caméra désastreux dans les rares moments où elle est fixe, et pourtant, je ne suis vraiment pas une énervée sur les jeux vidéos.
En parlant de quelque chose qui me frustre, si vous y jouez, pensez à adapter les gammas dans les options pour y voir quelque chose, les phases où il fait sombre sont nombreuses et il y fait très sombre.
Une histoire prenante
Malgré ces quelques petits défauts et un gameplay qui ne casse pas trois pattes à un canard, Bramble se distingue par son parti pris d’adapter le folklore scandinave et particulièrement ses créatures, tapies dans les forêts et dans le noir, prêtes à terroriser les petits enfants (*insérer rire diabolique*). S’il faudra imaginer une partie de l’histoire de ces monstres – ou mieux, faire des recherches pour se renseigner – des objets cachés un peu partout dans le monde de Bramble pourront nous mettre sur la piste : particulièrement les livres de contes à chercher, qui permettront à la narration de nous raconter les terribles histoires qui ont donné naissance à ces monstres (avec des illustrations d’ailleurs particulièrement réussies de ce côté-là.)
On aura aussi le plaisir de cheminer avec des gnomes (dont les cris sont assez énervants, mais si on fait abstraction, ils sont très mignons), de rencontrer un géant de pierre (très différent de ceux de Bilbo le Hobbit) et de découvrir le secret de ces étranges ronces qui entravent notre progression… Tout en continuant de chercher à sauver notre soeur, enlevée et emmenée au coeur d’une montagne par un troll.
C’est encore un jeu où la narration est un peu en arrière-plan et les personnages muets, mais qui raconte par l’immersion et cela fonctionne !
Il a une durée de vie assez courte (si on met de côté les nombreuses morts dues à la caméra un peu trop facétieuse) mais compense par son intensité et si vous êtes de ceux qui ne s’effraient pas trop facilement, je pense qu’un bon moment vous attend à y jouer !