Je continue mon rattrapage des bilans de lecture en retard avec le dernier mois en date, janvier donc. Et encore une fois j’ai un peu accéléré le rythme de lecture (c’est tellement agréable d’avoir du temps pour lire !) Ce mois-ci : pas mal de suites de sagas, un début de saga qui est une suite de saga originale (relisez doucement d’accord ?), des nouveautés, de belles découvertes et une déconvenue (une seule, cette fois !)

christopher paolini, Murtagh

Christopher Paolini "Murtagh" aux éditions Bayard Jeunesse
Bon voici donc la fameuse saga suite et compagnonne d’une saga originale : des années après la fin de la quadrilogie de l’Héritage (Eragon quoi), Christopher Paolini revient ENFIN en Alagaësia avec ce premier tome d’une saga cette fois-ci centrée sur le personnage beaucoup plus sombre et ambivalent de Murtagh. Et peu importe si plus de dix ans sont passés, j’ai quand même pris le bouquin les yeux fermés, parce qu’Eragon fait partie de ces livres qui ont façonné mon imaginaire étant jeune (aux côtés de pas mal d’autres) et que j’avais hâte d’y retourner. Bonne idée ? Bonne idée, je crois, même si j’admets qu’il y a une bonne partie de nostalgie dans mon appréciation de ce livre. Alors après si longtemps, évidemment, et après avoir lu des centaines d’autres livres, des défauts m’ont sauté aux yeux : l’écriture plutôt simple (tournée jeunesse, allez vous me dire), l’univers qui, s’il m’émerveillait quand j’étais petite, manque quand même un peu d’originalité (on a des elfes et des nains quand même bien clichés, même s’il y a des chats-garous pour compenser tout ça) et le côté combat du bien contre le mal qui, s’il me paraissait logique quand j’étais enfant, me semble aujourd’hui un peu simpliste.

Cela dit, Murtagh est quand même bien plus nuancé qu’Eragon, principalement en raison de son personnage principal et des atrocités qu’il a dû commettre plus jeune pour le compte de Galbatorix, et on voit ici que Paolini s’essaie à plus de nuances. Le duo Murtagh-Thorn est plein de traumatismes qu’il se trouve à devoir combattre (et de ce côté là, c’est plutôt réussi !), ce qui leur donne une nuance supplémentaire. Leur point de vue sur les éléments de la première saga et sur les personnages est aussi rafraichissant en cela qu’il ajoute également beaucoup de nuances et nous permet de voir d’un nouvel oeil tous ces personnages qui nous paraissaient si parfaits à cette époque. L’intrigue en elle-même est aussi plus sombre, fait appel à une nouvelle thématique qui colle parfaitement au personnage de Murtagh – j’ai peur de spoiler si j’en dis plus donc je m’arrêterais là. En somme, on est face à un roman plus adulte mais qui nous ramène quand même en enfance et j’ai hâte de lire la suite. Enfin, si elle ne met pas des plombes à sortir.

Alric et jennifer twice, La passeuse de mots, tome 3 : La mémoire de la lune

J’ai donc poursuivi ma découverte de la Passeuse de Mots avec le tome 3, toujours en livre audio, et je dois faire une confidence, je pensais que c’était le dernier (je me suis fait avoir par Babelio qui prétendait qu’il n’y en avait que 3) alors qu’en réalité il en reste encore un et… bon ben, moi, qui adore les sagas et râle quand je découvre qu’il s’agit de tomes uniques, quand j’ai appris qu’il m’en restait un à lire, j’ai soupiré. Ce n’est pas que le tome 3 soit mauvais, pas plus que les autres, j’ai passé un bon moment à découvrir cette saga mais on est face à des ENORMES PAVÉS et ça commence à traîner vraiment en longueur, d’autant plus que même si je l’apprécie ce n’est pas non plus un coup de coeur et que je commence à avoir l’impression que j’y consacre beaucoup de temps, surtout avec le rythme de ce tome 3. Je vais être un peu extrême mais pour moi, le tome 3 est un tome de transition. Les auteurs normaux font des chapitres de transition, Alric et Jennifer Twice, eux, font un tome de transition de 750 pages (plus de 20h en lecture audio, et du coup je me rends compte que je lis beaucoup plus vite que ça).

Alors les transitions c’est bien, ça permet de mieux connaître les personnages, d’approfondir leur psychologie, ici on apprend des informations importantes pour la suite de l’aventure, mais fallait-il vraiment y consacrer autant de temps ? Les éléments qui font vraiment avancer le récit sont disséminés chichement à l’intérieur de ces pages, plus de la moitié (je pense, en tout cas en ressenti c’est pire) du livre est consacrée au problème d’Arya (encore une fois, j’essaie de ne pas en dire trop pour ne pas spoiler mais ceux qui l’ont lu sauront de quel problème je parle) et si c’est bien construit, ça traîne vraiment en longueur… Surtout que ce troisième tome introduit de nouveaux points de vue dans la narration, ce qui est un parti pris intéressant mais rajoute encore des longueurs puisqu’on va avoir la même journée vue de plusieurs points de vue différents. Alors dit comme ça, on dirait que j’ai détesté et, d’un côté, c’est vrai que j’ai trouvé ce troisième tome nettement en dessous du second (surtout la fin du second qui s’était pas mal accélérée) mais en étant dans la lecture, je trouve quand même que la psychologie des personnages est de mieux en mieux gérée, il y a des passages intéressants dans les souvenirs d’Alric et on est vraiment plongés dans l’ambiance, sauf que je crois que ce passage qui s’est éternisé et dont j’ai déjà parlé m’a gâché une bonne partie du plaisir de lecture.

Bref, je lirai le tome 4 pour avoir enfin la fin de l’histoire mais je ne vais pas me précipiter dessus parce que, c’est comme quand on mange trop d’un plat délicieux mais un peu bourratif, j’ai fait une légère indigestion et j’ai besoin de réparer mon estomac avec des aliments-livres sains et légers.

Andrzej Sapkowski, Le sorceleur TOME 6, La tour de l'hirondelle

Andrzej Sapkowski, Le Sorceleur, tome 6 La tour de l'hirondelle aux éditions Bragelonne
Et en parlant de livres-aliments sains et légers, passons à une saga qui ne m’a jusqu’alors jamais déçue : Le Sorceleur. Il semblerait que je n’aie pas encore parlé des livres sur ce site, ce qui signifie que ça fait un sacré moment que je n’en avais pas lu depuis le tome 5 et pourtant j’ai parlé des jeux The Witcher (mes jeux préférés de tous les temps) et j’ai joyeusement râlé sur la série the Witcher tout en pérorant sur le fait que j’aimais les livres. Et donc celui-ci m’a confirmé à quel point j’aimais ces livres. La narration arrive à merveille à jongler entre poésie, tragique, épique et humour. Dans ce dernier cas, c’est surtout lorsqu’elle passe par la plume du personnage de Jaskier et son ton terriblement moqueur qui rend plus légers des événements très sombres mais sans leur ôter leur importance, se paie la tête des personnages et casse le côté parfois trop épique des actions. Le tout donne au lecteur le sentiment très agréable d’être installé à côté du barde à commenter la lourdeur de ses camarades et leur absence d’autodérision. Pourtant, à la fois malgré et grâce à cette liberté de ton, chacun des enjeux du roman est parfaitement dosé.
On suit de plus en plus les aventures de Ciri et sa destinée tragique, sans tomber dans le pathos, tout en ayant toujours le point de vue de Geralt et de ses compagnons, qui s’embourbent dans des situations souvent incongrues (d’où l’importance du ton moqueur de Jaskier) et la dichotomie entre le sérieux de Geralt et une partie des aventures qui lui arrivent et justifient qu’il prenne du retard sur Ciri, qui grandit et devient de plus en plus capable de voler de ses propres ailes, et comme les tomes précédents nous ont permis de la voir grandir, emprunter des chemins et faire des choix difficiles, on en est un peu fiers aussi, comme si on y était pour quelque chose.

 Neal Asher, Voyageurs

Neil Asher, Voyageurs aux éditions fleuve noir
Hem… Je… bon. Je ne vais peut-être pas être très sympa avec ce roman. Encore un roman de SF emprunté par hasard dans ma bibliothèque communale et décidément, je suis rarement en accord avec leurs choix mais il en faut pour tous les goûts et, d’après ce que j’ai compris, ceux qui aiment bien sont assez nombreux, mais moi je suis complètement passée à côté. Il faut dire que Voyageurs réunit deux trucs qui me gavent : le voyage dans le temps et les dinosaures. Là vous allez me dire : mais pourquoi tu empruntes des bouquins dont une partie du propos te gave, si c’est pour râler ensuite ? Et je vais vous répondre : de 1 parce que les dinosaures n’étaient pas dans le résumé (en vrai ils sont quand même très accessoires) et de 2 : parce qu’il arrive qu’un voyage dans le temps soit bien géré donc j’essaie de ne pas m’arrêter à ça. Le problème, c’est qu’après lecture, je suis de toute façon incapable de dire si c’est le cas ou non dans ce roman parce que je n’y ai rien compris. Enfin, il y a une explication sur les différentes lignes temporelles et la baisse sur la courbe de probabilité que j’ai à peu près compris (mais que je suis incapable de restituer correctement un mois plus tard) et qui ne m’a pas parue totalement dénuée de bon sens mais c’est peut être le seul point positif que j’aie trouvé à ce livre.

J’ai décroché à quasiment tous les paragraphes : incapable de m’attacher aux personnages ni à ce qui leur arrive, incapable d’apprécier l’écriture que j’ai trouvé détachée et mécanique, et la période de voyage dans le temps est si longue que j’ai eu le sentiment d’une histoire fragmentée et que je n’ai même pas apprécié le voyage parce que les descriptions sont réduites à leur minimum et que je n’aime pas les dinosaures (oui, on y revient). 

Quant au combat entre les deux camps venus du futur, je n’en ai vraiment rien eu à faire, il n’y en a pas un qui m’ait intéressée plus que l’autre. Bref, j’ai l’impression d’une histoire qui a glissé sur moi sans rien remuer à part mon agacement (bonus super agacé pour la réplique « On est où ? Non, la question c’est : on est quand » : CE N’EST NI DRÔLE NI ORIGINAL, absolument TOUS les romans (mais aussi toutes les séries et les films) avec du voyage dans le temps le font, j’en ai eu deux dans la même semaine pendant que je lisais ce roman, arrêtez de croire que vous tenez la punchline du siècle avec ça). Donc pour en revenir à Voyageurs, je n’en attendais pas grand chose et je n’en ai absolument rien tiré. Mais bon, ça doit être parce que je n’aime pas les dinosaures.

Kinga wyrzykowska, Memor

Kinga Wyrzykowska, Memor, Le monde d'après, aux éditions Bayard Jeunesse

Et histoire de nous remettre de nos émotions, parlons d’une bonne surprise avec ce roman classé jeunesse (et je suis d’accord dans le sens où il m’a l’air abordable pour de jeunes adolescents, mais qu’il m’a touchée en tant qu’adulte) qui aborde les thèmes de la mort, du deuil et du souvenir mais aussi de la différence de cultures avec beaucoup de douceur et de tendresse, en créant tout un univers pour accueillir les morts, en fonction du souvenir qu’en gardent les vivants. Univers dans lequel le héros, Tomek, est propulsé alors que les photos de son frère décédé commencent à s’effacer et que ses parents semblent peu à peu l’oublier. Décidé à le sauver, il s’apercevra bientôt que le monde des morts dans son entier est en danger.

Ce n’est vraiment pas une lecture difficile et elle est clairement adaptée à un public jeunesse, il y a de l’action, de l’amitié, des passages forts et importants, une intrigue qui va aider le héros à devenir plus mature et à accepter les événements passés qu’il n’arrivait pas à admettre, et même un ptérodactyle (oui, il y a un point commun et un seul entre ce livre et le précédent). Et je me suis laissée prendre, j’ai vraiment dévoré ce livre (le tout premier de l’autrice), j’ai même ri aux éclats face à certaines expressions fleuries (mais pas vraiment familières, juste inusitées) utilisées par l’un des personnages qui a une voix unique et une façon bien à lui de voir le monde. Une très belle découverte.

James S.A. Corey, The Expanse tome 3 : La porte d'abaddon

James S.A. Corey, The Expanse, 3 "La porte d'Abaddon" aux éditions Actes Sud
Je pense que la chronique va être assez courte pour celui-là. Quand j’en ai la possibilité, j’aime bien poursuivre ma lecture de la saga The Expanse (dont l’adaptation est ma série préférée) pour retrouver les personnages que j’aime et me pelotonner dans cette lecture doudou comme dans un plaid, parce que même si les intrigues sont fortes et pleines de rebondissements, elles suivent – pour l’instant en tout cas – assez bien les événements de la série même si certaines apparitions de personnages se font plus tard, j’ai donc simplement l’impression de la redécouvrir avec plus de détails, d’explications sur les personnages et leurs motivations. Ce tome-ci en est un assez bon exemple puisque c’est ici qu’apparaît Melba, personnage déjà intéressant dans la série, mais beaucoup plus nuancé ici, et qui va occuper une bonne partie de la scène dans ce tome-là. Et c’est vrai que si Holden et son équipage sont toujours au centre de tout, dans les livres ils sont un peu moins centraux dans le sens où ils sont plus facilement un prétexte à toute la galaxie de personnages qui gravitent dans leur entourage ou plus loin et qui ont, eux aussi, des histoires très intéressantes à raconter. Et je crois que c’est ce qui me plait le plus dans The Expanse : c’est l’histoire de tout un univers avant d’être celle d’un personnage en particulier.

Bon, il y a eu une lecture supplémentaire, mais à la réflexion, puisqu’il s’agit d’une duologie dont j’ai enchaîné les deux tomes entre fin janvier et février (puis le roman compagnon), je pense que je vais tout garder pour février car ce bilan lectures est déjà assez long et que je trouve plus facile de parler en un bloc de séries que j’ai lues d’un bloc (ça m’évite aussi la tentation du spoil). On se retrouve donc samedi prochain (le 2 mars) pour le bilan de lectures de février, sans retard, cette fois ! 

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