J’ai décidé de séparer en deux le bilan de lectures de ce mois-ci, pour me laisser un peu plus de place pour développer le tout sans que l’article ne devienne indigeste. Parce que oui, ce mois-ci, j’ai beaucoup lu – presque deux fois plus que ma moyenne de l’année dernière et j’espère bien continuer sur cette lancée. J’avoue que j’ai lu certains livres en audio, ce qui me permet de lire beaucoup plus et d’occuper utilement et agréablement les moments les plus ennuyeux de la journée (le ménage, les trajets en voiture, la cuisine…) Je pourrais peut-être faire un article à ce sujet si ça intéresse !

Tiphs, Allunia, TOME 1 et 2

Tiphs, Allunia Tome 1 aux éditions livre de poche
Etant donné que je les ai lus d’affilée, je mixe les deux tomes dans cet avis, ce qui m’évitera en bonne partie la tentation du spoil ; et comme de toute façon j’aurais les mêmes choses à dire sur les deux tomes, que j’ai trouvé tous deux de même qualité, il ne me paraît pas utile de fondamentalement les différencier. On est ici dans une intrigue de départ commune à de nombreux romans de fantasy et qui pourrait paraître assez classique : une jeune fille se retrouve projetée dans un monde auquel elle n’appartient pas (même si la méthode diffère des autres romans que j’aie pu lire avec ce début). Mais même si on retrouve plusieurs stéréotypes attachés au genre, cet univers et cette intrigue pétillent d’originalité. Rien que le fait qu’on soit plus dans de la science-fantasy que dans une fantasy médiévale participent à élaborer un monde riche, différent du nôtre malgré quelques similitudes (le café, les motos…). Il y a de très bonnes idées dans ce worldbuilding, comme les amelys dont les personnages sont obligés de se détacher pour se dégager de l’influence qui pèse sur eux et garder leur indépendance d’esprit. On s’attache bien vite à ce monde, qu’on a hâte de comprendre et d’explorer aux côtés de Leah et de son sale caractère.

D’ailleurs, la plupart des personnages ont ce caractère bien à part qui permet de différencier chaque voix unique avec aisance (même si j’ai confondu les hommes au début, je pense que ce n’était pas un défaut de l’écriture mais plus un manque de concentration de ma part) et on se prend à apprécier les petits défauts de chacun, leur humour particulier et leur façon de se mouvoir dans l’histoire. Leurs combats deviennent les nôtres rapidement et on tremble pour eux à chaque fois que quelque chose se passe de travers (c’est particulièrement vrai pour le personnage d’Anya, isolé au milieu des antagonistes).

Tiphs, Elvira

Tiphs, "Elvira" aux éditions Plume Blanche
Et puisque quand j’apprécie un univers, j’aime bien le découvrir à fond, j’ai évidemment enchaîné avec la lecture d’Elvira, un roman compagnon qui se déroule dans l’univers d’Allunia mais dans un autre pays, Arshka, où on suit Elvira, la cousine de Zam, l’un des personnages importants d’Allunia. On y découvre ainsi d’autres personnages, des coutumes et des modes de vie différents, tout en ayant de nombreux clins d’oeil bienvenus à Allunia et en y retrouvant certains personnages, ce qui donne l’impression agréable d’un univers organique, où tout est en relation mais en même temps fonctionne de façon indépendante. Plus « adulte », en un sens, que la duologie d’origine, l’histoire d’Elvira explore aussi un destin beaucoup plus personnel. Là où les personnages d’Allunia essayaient de sauver les habitants de leur pays, les motivations d’Elvira sont beaucoup plus égoïstes : destinée à la mort car on la découvre incapable de concevoir, elle cherche à s’enfuir et à se libérer de son rôle de Kee’vah pour sauver sa peau. Mais c’est la preuve aussi qu’un roman peut fonctionner même sans l’enjeu de « sauver le monde » : ses motivations ne sont pas moins légitimes, les découvertes qu’elle va faire ont un impact sur le monde aussi et résonnent dans toute la société d’Arshka, pas seulement parce qu’elle en remet en cause tout le fonctionnement.

On a aussi affaire à un personnage beaucoup plus ambivalent, tiraillé entre les sacrifices qu’on lui demande, et auxquels elle a été habituée à consentir, et sa volonté de vivre pour elle. Tiraillé aussi entre les traditions d’Arshka dont elle est la représentante et sa volonté de trouver une autre voie. Une très belle lecture qui nous fait voyager dans des contrées glacées – une parfaite lecture hivernale.

Maxime CHattam, Lux

Maxime Chattam, "Lux", aux éditions Albin Michel
Je l’ai déjà dit ici : l’horreur et moi, ça ne fait pas bon ménage. Donc je ne suis pas de celles qui se jettent sur les derniers romans de Chattam dès leur sortie (et j’ai tendance à me méfier un peu parce que certains de ses romans risquent de me faire cauchemarder), mais quand ce ne sont pas des thrillers qui flirtent avec l’horreur, ce sont des lectures que j’aime bien, parfois, partager avec ma famille. En règle générale, j’apprécie beaucoup son écriture et j’ai plaisir à le retrouver de temps en temps. En l’occurrence, avec Lux, on arrive du côté de la science-fiction, dans un futur pas si lointain (un « Bientôt », plus précisément) où les activités humaines ont fini par totalement dérégler le climat au point que de très violentes tempêtes s’abattent régulièrement sur toute la planète. Parallèlement à cela, une étrange structure s’élève au-dessus de l’océan et un collectif constitué de différents représentants de la société (scientifiques, religieux, écrivains aussi) est envoyé pour l’étudier et tenter de comprendre ce que c’est et ce qu’elle fait là. Mes lectures ont tendance à fréquemment m’entraîner du côté de l’écologie et des futurs où le changement climatique a laissé des traces tangibles. C’est un sujet qui me tient à coeur, ce qui me fait un point commun avec les personnages de ce roman, bien que ce ne soit pas le centre du roman ici, mais plus une ambiance, une justification à ce « Bientôt » glaçant qui ouvre le roman.

Dans Lux, on a tous les ingrédients pour passer un moment palpitant : un mystère à résoudre, des personnages marqués par leur passé, de l’action, des secrets dans les secrets et une invitation pour le lecteur à réfléchir par lui-même aux implications dudit mystère. Et même s’il n’y a pas de totale originalité dans le traitement de ce futur proche, la réalisation est maîtrisée et savamment exécutée, on démarre le livre et paf, sans s’en rendre compte, on arrive à la fin. Même si j’avais été plus marquée par d’autres romans du même auteur, Lux répond à ses promesses et nous offre de quoi réfléchir tout en se divertissant, avec un côté très visuel et cinématographique qui m’a bien plu. 

Anna triss, La guilde des ombres, TOME 1 : Le don de mort

Anna Triss, "La guilde des Ombres" aux éditions Pocket - Plume Blanche
On entre ici dans l’une des plus jolies découvertes de ce mois (pas tout à fait un coup de coeur, mais pas loin non plus, et on sait à quel point je suis difficile pour accorder mes coups de coeur.) Ce premier tome de la Guilde des ombres nous entraîne dans un monde sinistre où l’argent est le maître de toutes choses (oui, bon, jusque-là, on ne diverge pas trop de notre monde à nous) et permet à la ligue mercantile, les maîtres incontestés de ce monde, de se payer les services de la fameuse guilde des ombres pour se débarrasser de concurrents gênants, d’amants éconduits ou de maris jaloux, de… à peu près tout. Et oui, on parle d’assassins ici, d’assassins organisés, formés pendant de longues années, possesseurs de dons magiques tous différents, principalement des elfides, des elfes sombres. Mais ils vont être rejoints par Panama, une humaine qui possède un don plus puissant encore et qui sera formée parmi eux, malgré sa différence. Ce premier tome se concentre sur les années de formation de Panama, installe une ambiance très sombre (c’est de la dark fantasy, après tout) et parvient à poser des enjeux forts, à sans cesse nous surprendre avec ses personnages qui ne sont pas toujours ce qu’ils ont l’air d’être, sa maîtrise du rythme et de la mise en tension, ses révélations…

Même si Panama est un peu une gamine insupportable au début du roman, elle grandit (logique puisque cela se passe sur plusieurs années) et devient plus attachante, plus drôle et plus intéressante, tout en gardant une innocence touchante qui donne envie de la protéger malgré sa formation d’assassin. Evidemment, je vais lire les autres tomes puisque ce début de saga a le potentiel d’un coup de coeur même s’il a manqué un tout petit quelque chose.

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