Ceci est la deuxième partie de mes lectures du mois de février (retrouvez ici la partie 1 si vous ne l’avez pas lue) que j’ai coupé en deux pour que la lecture soit plus digeste. 

Naomi Novik, Les enclaves dorées, TOME 3 de la Scholomance&nbsp

Attention : pour ceux qui n’ont pas lu les tomes 1 et 2, cette critique peut comprendre quelques spoils.

La Scholomance, c’était mon coup de coeur absolu de ces dernières années. J’ai rarement ressenti un attachement aussi fort que celui que j’ai éprouvé envers El, la protagoniste et narratrice de ce roman, sans doute parce que je me suis reconnue en elle à plusieurs niveaux. Même si elle a bien changé au cours de ces trois tomes, j’aurais pu la suivre pendant dix ou vingt tomes encore, j’aurais voulu la suivre dans son passé aussi, ses toutes premières années à la Scholomance. Mais le tome 3, pour la première fois, nous en fait sortir, nous fait découvrir ces fameuses enclaves dans plusieurs coins du monde et… ça reste un coup de coeur, mais une partie de mon amour pour les premiers tomes venait de la Scholomance elle-même, de ce bâtiment-personnage que je voulais connaitre dans les moindres recoins. La conclusion de la saga est satisfaisante et je suis heureuse de voir enfin Galadriel sortir de cette école et de découvrir tout ce dont elle est capable à l’extérieur, mais j’ai déjà envie d’y retourner, moi !

Je pense que je vais arrêter cette chronique ici, j’ai du mal à en dire quoi que ce soit sans spoiler et j’ai déjà dit tout ce que j’avais à dire sur cette série coup de coeur intersidéral dans mes avis sur les premiers tomes, ici pour le tome 1 et là pour le tome 2

C. Sizel, Maudite

C. Sizel, "Maudite", aux éditions Plume Blanche

Avec Maudite, on plonge tout droit dans un univers particulièrement intéressant où la magie est la norme et où ceux qui sont réfractaires à elle (les Nihiles) sont l’exception, où ils ont tendance à se trouver exclus d’une société qui n’est pas faite pour eux sur tous les points du quotidien (transport, éducation, santé et même nourriture). La protagoniste du roman, Elisabeth, est une nihile qui a su trouver une place dans la société en se servant de son handicap pour en faire un atout et devenir décrypteuse d’objets magiques. Mais elle devient le réceptacle d’un démon qui a une fâcheuse envie de dévorer tout le monde…

C’est l’autre côté d’un monde gouverné par la magie qui s’offre à nous. Ce qui pourrait tenir du rêve (toute cette société magique !), du point de vue d’Elisabeth, est clairement un cauchemar où en tant que nihile, elle est mise à l’écart, considérée comme une sous-citoyenne et le fait d’héberger un démon dans son corps ne va pas améliorer sa situation, bien au contraire, puisqu’elle se retrouve privée de sa liberté, que ses moindres faits et gestes sont épiés, ses possessions analysées et/ou confisquées par simple caprice de ceux qui sont censés veiller sur elle.

Mais Maudite est un livre fort en émotions, fait partie de ces livres de fantasy qui n’offrent pas une évasion agréable et sans heurts mais qui dénoncent, qui ont des choses à dire, un message à faire passer et qui le font vraiment passer, peu importe qu’on ait la gorge serrée au cours de la lecture. Des lectures nécessaires, qui se servent de l’Imaginaire pour ouvrir sur les réalités du monde.

Becky CHambers, Les voyageurs TOME 1, L'espace d'un an

Becky Chambers, "L'Espace d'un an" aux éditions Livre de poche

Et voici la découverte coup de coeur de ce début d’année : L’espace d’un an, de Becky Chambers. Cela fait plus d’un an qu’il est sur ma wishlist (pardon pour le jeu de mots facile) mais si j’avais su quel moment je passerais à cette lecture, je l’aurais acheté bien plus tôt !

Comment décrire ce livre ? Ce serait du « space-opera feel-good » ? Je n’aime pas trop l’idée du feel-good parce que ça évoque toujours un peu l’idée de quelque chose de niais pour moi, et l’Espace d’un an est tout sauf niais. Il explore la vie dans un vaisseau tunnelier – un vaisseau qui crée des trous de vers pour voyager d’un endroit à l’autre de l’univers – et les relations de son équipage. C’est principalement cela, le sujet du livre : la découverte des cultures des différentes espèces, humaines et extraterrestres, qui vivent sur ce vaisseau, leurs différences et leurs points communs qui leur permettent de vivre en harmonie, malgré quelques soucis de compréhension parfois. Et malgré l’aspect SF, c’est étonnamment réaliste. On a plaisir à découvrir ces différentes cultures, à écouter l’équipage parler cuisine (il y a pas mal de nourriture, dans ce roman !), à explorer des planètes dans tout le système où ils évoluent. On lit ce roman avant tout pour son ambiance, bien plus que pour son intrigue réduite à son expression la plus basique mais ça fonctionne ultra bien sur moi qui aime les romans d’ambiance (et ce roman m’a fait comprendre à quel point)

 

Ici, les conflits sont peu nombreux mais surtout viennent de l’incompréhension et se résolvent par la communication. Pas de grandes batailles spatiales : l’équipage du tunnelier n’est pas armé, ce qui va leur poser problème, mais qui fonctionne. Cela rajoute une tension due au sentiment d’impuissance des personnages lorsqu’ils sont en danger (le même genre de sentiment d’impuissance que lorsque j’ai joué à Subnautica et que je me suis rendue compte que nous n’étions pas armés, tiens !). On ne lit pas ce roman pour l’action, mais pour découvrir des tranches de vie, pour apprendre et comprendre, vivre aux côtés de l’équipage et cela fait un bien fou, tellement de bien que oui, c’est un roman feel-good, mais un bon, pas un niais.

Alexiane de Lys, Thiziri TOME 1, Le choix d'Astar

Alexiane de Lys, "Thiziri", aux éditions Plume Blanche

Et encore une superbe découverte qui cette fois nous entraîne dans une jungle vivante et dotée d’une sacrée personnalité ! Le monde de Thiziri est un univers hostile aux humains. Au début, on atterrit sur une planète envahie par des extraterrestres qui ont modifié génétiquement la flore et la faune : les humains, revenus par de nombreux aspects à l’âge de pierre, sont forcés de vivre sous un dôme pour se préserver de la jungle omniprésente et envahissante. Seuls les faucheurs, des chasseurs entraînés pour évoluer et survivre dans la jungle, ont le droit d’en sortir pour chasser et nourrir les humains du dôme. Thiziri, mise à l’écart de la société à cause de son albinisme, est la meilleure d’entre eux. Mais elle découvre que les anciens, les seuls humains à avoir vécu les modifications de la société, leur cachent des secrets qui pourraient remettre en question toute leur vision du monde.

Comme je le disais, le monde de Thiziri est vivant… Et il n’est pas seulement vivant mais aussi vivant (hein? ça y est, elle a craqué) : ce que je veux dire c’est que la jungle n’est pas seulement habitée d’une personnalité mais qu’on y sent toute une profusion qui donne une dimension supplémentaire à l’ouvrage. Elle est un personnage à part entière de l’intrigue mais elle est aussi un décor plein de petits détails, porté par une plume superbe qui, sans s’appesantir sur les descriptions, arrive à en donner tout l’essentiel. C’était ma première découverte d’Alexiane de Lys et je crois bien que je retenterais l’expérience avec ça.

Mais Thiziri, c’est aussi une fable écologique (quoi ? Je lis trop de romans centrés sur l’écologie ?) et une justification cinglante à ma tendance au cynisme, avec son humanité glaçante, menteuse, manipulatrice, qui exclut Thiziri en raison de sa différence et son plot-twist qui remet en question toutes les certitudes et rend cette humanité pire encore. J’ai vraiment hâte de découvrir la suite de cette série !

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