Il y a peu de temps, j’ai publié un post sur Instagram sur les différentes inspirations qui ont pu mener à mes plus récents projets. Cela m’a donné l’idée de cet article car j’ai réalisé à quel point le cadre dans lequel je planifiais et écrivais pouvait être mouvant. Certains auteurs ont une méthode qu’ils peuvent suivre quel que soit leur projet et à laquelle ils ne dérogeront pas. Tant mieux pour eux, un cadre plus rigide peut être rassurant, mais ce n’est pas mon cas.
Et ça me convient très bien comme ça, je n’ai jamais été très fan des cadres desquels on ne peut pas bouger. Si vous êtes dans ce cas aussi, peut-être que ça pourra vous aider à vous sentir moins seuls. Pour ma part j’ai déjà terminé pas mal de manuscrits et plusieurs dizaines de nouvelles, c’est donc que la méthode n’a pas forcément besoin d’être si stricte (mais encore une fois, tout dépend de ce qui vous convient le mieux). Alors je vous propose un petit tour d’horizon de tout ce qui peut changer entre mes différents projets.
L'inspiration vient de partout
Et souvent aux moments où on l’attend le moins !
Je n’ai jamais trop aimé l’idée d’attendre patiemment la visite de la Muse. Parfois, oui, elle se pointe pendant qu’on prend notre douche (un grand classique) ou qu’on conduit. Parfois il faut faire des ponts entre plusieurs idées totalement différentes, entre une émission de radio et une discussion qu’on a eu avec un ami. Et parfois, on l’attend, on l’attend et elle ne vient pas. Et si ça peut convenir à certains de laisser le temps aux idées de venir d’elles-mêmes – et que les forcer pourrait avoir sur eux des effets compliqués, causant parfois des blocages (ce dont je suis très consciente, c’est pour ça que j’en parle aussi) – pour ma part, je ne suis pas contre l’idée de leur donner un petit coup de pouce en y réfléchissant activement, crayon en main, en faisant un vrai brainstorming pour voir quelles idées remontent.
C’est la méthode que j’utilise le plus souvent pour répondre aux appels à textes, dans lesquels un cadre est souvent fixé par le thème imposé, ce qui évite de partir dans tous les sens. Mais je sais quand m’arrêter : il m’est souvent arrivé d’arrêter ma réflexion sur un appel à textes dont le thème ne m’inspirait vraiment pas parce que ma réflexion ne me menait à rien d’intéressant ou d’original. Dans ces cas-là, je pense qu’il vaut mieux éviter de trop pousser, au risque de se bloquer. La méthode que j’utilise souvent, c’est de me fixer un court temps de réflexion dans la journée (ça peut être 5 minutes), crayon à la main. Si tout coule tout seul, tant mieux. Si une ou deux idées sortent seulement ou si rien ne vient, j’arrête et je reprends le lendemain. J’ai le sentiment que le sentiment entraîne l’inspiration à vouloir venir et qu’il est ensuite plus facile d’avoir des illuminations sous la douche parce qu’on a conditionné notre cerveau à réfléchir au problème du moment. Et si vraiment rien ne vient et dès que je sens que ça commence à m’angoisser (je suis une grande angoissée), j’arrête de réfléchir à ce sujet là et j’en choisis un autre.
Mais selon les projets, l’idée de base et l’endroit d’où elle vient peut être vraiment très différente : on ne sait jamais quel est le déclencheur qui va permettre de rendre le tout fluide. Par exemple pour mon dernier projet en date, je patinais jusqu’à ce que je trouve le prénom de ma protagoniste, et celui-ci a soudain tout rendu plus clair. Pour de nombreux autres projets, les personnages ont changé de prénom plusieurs fois jusqu’à la version finale.
Ne pas prévoir quand s'arrêter de planifier
C’est le privilège des « paysagistes » (je suis très contente d’avoir découvert cet intermédiaire entre architecte et jardinier qui me permet d’exprimer ma manière de planifier) : à la différence des jardiniers, on planifie. Mais à la différence des architectes, on ne planifie que dans une certaine mesure. Et pour ma part, je ne me fixe pas de certaine quantité de choses à planifier avant de commencer à écrire, ce qui rend chaque projet unique. J’attends juste qu’en m’asseyant devant ma chaise, j’ai le déclic « là, c’est bon, c’est le moment ».
- Pour un de mes projets, j’avais planifié le premier jet chapitre par chapitre, j’avais certaines lignes de dialogues, tous les grands traits de mes personnages et deux ou trois éléments de l’univers quand j’ai commencé à écrire.
- Pour un second, j’avais principalement fait des recherches au préalable (mon projet d’inspiration victorienne, qui avait besoin d’un cadre plus strict) donc un worldbuilding plus poussé à la base que pour le premier et je l’ai planifié en détail scène par scène, mais j’avais assez peu d’informations sur mes personnages, c’est venu dans un second temps
Et pendant la phase d'écriture...
Là aussi, c’est très différents selon les projets. Par exemple, pour Issues des Ombres, j’ai écrit relativement peu tous les jours, mais je n’ai jamais fait de blocage. Pour mon projet « Esprits », j’ai écrit énormément d’un coup (pour Fight For Words), puis je l’ai laissé reposer plusieurs mois pendant que je finissais de travailler sur Issues des Ombres, avant de le reprendre à un rythme beaucoup plus lent, puis de ressentir le besoin de passer sur un autre projet et sans doute de le terminer ensuite, à moins que je n’aie encore besoin d’avancer un peu puis de refaire une pause.
Pour les nouvelles, c’est un peu différents parce qu’on ne s’engage pas sur un terme aussi long que les romans et qu’il y a souvent une date imposée pour les appels à textes, donc en général je les écris un peu tous les jours, d’une traite, pendant que je travaille sur un projet de roman. Mais il n’y a toujours pas de règle : il m’est arrivé d’en laisser reposer pour les reprendre plus tard.
En tout cas, je me porte vachement mieux en tant qu’autrice depuis que j’ai laissé de côté l’idée selon laquelle je planifierais trop pour être jardinière mais pas assez pour être architecte, celle selon laquelle on ne démarrerait pas de projet sans worldbuilding entièrement construit ou encore qu’on aurait nos moments meilleurs que d’autres dans la journée pour écrire (ça marche avec d’autres, pas avec moi : le meilleur moment pour écrire, c’est celui où je suis disponible mentalement et ça peut être en début de matinée, au milieu de l’après-midi ou tard le soir).