Comme j’écris de la fantasy, je me suis dit il y a quelques temps que ce n’était pas complètement hors propos d’avoir à portée de main une encyclopédie répertoriant différentes créatures et peuples magiques, histoire d’avoir de quoi m’inspirer au besoin, de ne pas réinventer l’eau tiède et de mieux connaître le folklore qui les entoure. D’où le fait que je me sois procuré la Petite encyclopédie du merveilleux, très complète (bien que l’auteur assume le parti pris de se focaliser sur l’Europe occidentale), illustrée et franchement jolie d’ailleurs (pour moi qui ne suis pas forcément fan de beaux livres, c’est vrai que pour une encyclopédie, c’est quand même plus sympa). Et, donnant raison à ceux qui prétendaient quand j’étais petite que je lisais les dictionnaires, je l’ai lue en entier.
De quoi ça parle exactement ?
On est ici sur une encyclopédie de type bestiaire, qui référence une grande quantité de créatures et de peuples magiques (principalement d’Europe occidentale, comme je l’ai dit, mais parfois pas uniquement) avec leurs variantes locales/régionales et les traditions et légendes qui y sont liées. Plutôt que de les trier uniquement par ordre alphabétique, l’auteur a fait le choix d’une classification « élémentaire » (les peuples de la lumière, de l’eau, du feu, de l’ombre, etc) qui pourrait à première vue paraître plus compliquée mais qui finalement me semble suffisamment claire et peut simplifier une recherche par la suite pour peu qu’on ait une idée de l’élément auquel la créature que l’on cherche pourrait être associée.
Un gros plus de cet ouvrage est qu’il ne se contente pas de descriptions, mais raconte aussi parfois certaines légendes ou histoires peu connues au sujet de ces créatures (ce qui justifie qu’on n’ait pas seulement l’impression de lire une encyclopédie mais aussi de se faire raconter des histoires). Ce qui est à déplorer en revanche, c’est le déséquilibre entre les créatures. Si certaines d’entre elles ont droit à plusieurs pages de détail, d’autres n’auront que quelques lignes qui donnent une impression d’imprécision. Il faut sans doute y voir des choix d’édition tout autant qu’un potentiel manque de sources bibliographiques.
Ou placer la frontière entre sérieux, rêve et jeux ?
Il peut être assez perturbant à la lecture de découvrir ces créatures présentées comme si elles existaient vraiment (notamment par le choix du présent de l’indicatif plutôt que du conditionnel) mais on s’y fait rapidement et on accepte d’entrer dans un monde du domaine du possible : « et si elles existaient, c’est ainsi qu’elles seraient présentées ». Le format encyclopédique donne des attentes de sérieux, mais ici la frontière est mince entre le possible, l’irréel et le réel, comme c’est le cas d’ailleurs dans la tradition folklorique de ces créatures, dont la réalité a longtemps été prise pour acquise. En témoigne une potentielle poursuite de ce jeu avec le lecteur, avec l’utilisation d’une source dont la réalité pose question (et qui serait potentiellement l’auteur de l’encyclopédie lui-même), parmi une très grosse quantité d’autres références bibliographiques, avérées pour celles-ci. L’amoureuse des recherches scientifiques en moi a un peu grincé des dents et hésité sur la façon de parler de cette source, mais la moi qui apprécie les contes de fées s’est amusée de ce tour ; et a trouvé ça plutôt drôle l’idée d’introduire une source potentiellement fictive dans un ouvrage parlant de créatures fictives, d’autant que le tout est bien rédigé et reste crédible par rapport aux autres sources, et que les textes apocryphes ne sont pas franchement une nouveauté en littérature. Evidemment, c’est le thème et le sujet qui permettent cela.
Comment j'ai prévu de m'en servir
Ceci étant dit, c’est quand même un livre qui va rester dans ma bibliothèque et me servir pour piocher des inspirations de créatures existant dans le folklore (dont certaines qu’on voit potentiellement assez peu) pour mes écrits et en avoir un premier aperçu avant d’aller faire des recherches plus poussées sur d’autres supports qui me permettront d’en avoir une connaissance plus détaillée – éventuellement en me servant des sources « réelles » citées dans l’ouvrage pour approfondir mes recherches. Ce qui est d’ailleurs selon moi la meilleure manière de se servir d’une encyclopédie portant sur un thème particulier. La classification par élément ou lieu de vie simplifie d’autant plus les recherches qu’elle peut me permettre de me dire « hmm j’aurais bien besoin d’une créature à placer dans ce lac, voyons voir ce qui existe » et je trouve donc qu’elle a parfaitement sa place sur l’étagère d’une autrice de fantasy.
Petit point bonus pour la très fréquente mention des méthodes à utiliser (prescrite par le folklore) pour vaincre ou se débarrasser des créatures mentionnées, qui peut fournir des inspirations autres que « tranchez leur la tête avec une grosse épée ! »