J’ai retrouvé mon rythme de lecture ! Ce mois-ci, j’ai réussi à lire beaucoup et à reprendre le rythme que j’avais l’été dernier, même si je n’atteins pas le même nombre de livres lus qu’en début d’année. Alors, bien sûr, on s’en fiche des chiffres, mais ce que les chiffres révèlent, c’est que j’ai réussi à me ménager plus de temps pour lire et à mieux rentrer dans mes lectures, d’où le fait que je sois jouasse ! En plus, j’ai lu beaucoup de très bons livres ce mois-ci, malgré une déception sur une relecture.

Jacqueline Carey, Kushiel, tome 2 : l'Elue

Jacqueline Carey, "Kushiel", tome 2 "L'élue" aux éditions Bragelonne

Je vais avoir du mal à dire quelque chose sur ce tome 2 que je n’aurais pas déjà dit dans le tome 1 (les lectures du mois où j’en parle sont ici). Contrairement au tome 1 qui était une relecture, après l’avoir découvert il y a moultes années, ce tome 2 est une première fois pour moi et j’ai été contente de retrouver tout ce qui fonctionnait dans Kushiel, avec sa romance qui parvient parfaitement à se réinventer, maltraitée par les aléas de la vie d’une élue de Kushiel, son univers riche, très fortement inspiré du nôtre tout en étant très différent, qui se dévoile un peu plus dans ce tome-ci grâce à un nouveau voyage de Phèdre. On y retrouve des personnages secondaires qu’on aimait déjà beaucoup et qui révèlent parfois de nouvelles facettes de leur personnalité, mais on en rencontre aussi de nouveaux, tout aussi profonds et passionnants.

Beaucoup plus libre et autonome que dans le tome 1, Phèdre en profite pour révéler son bel esprit, mais commet également des erreurs, ne tombant absolument pas dans le piège d’une héroïne trop parfaite, et les failles créées dans le tome 1 continuent de faire leur oeuvre et d’avoir leurs conséquences. Difficile d’en dire davantage sur cette saga parfaitement maîtrisée, qui reste un plaisir à lire de bout en bout malgré la longueur de ses tomes (je n’avais pas trop la tête à lire en juin, quand je l’ai commencé, et du coup il m’a paru très long, mais il n’y a pas de longueurs dans ce texte, c’est uniquement subjectif et dû à la situation). 

Lordesfeuilles, Les douces et joyeuses chroniques des secondes, tome 2 : Les deux disparus

Lordesfeuilles, "Les deux disparus" aux éditions Lézard des Mots

Une suite de saga que j’attendais avec impatience (au point de l’avoir précommandé) mais depuis peu, puisque je n’avais lu le premier tome qu’en mai. Mais il a fait partie de mes récents coups de cœur et Les deux disparus emprunte le même chemin que son grand frère sans aucun problème.
On y retrouve Ema qui, après ses aventures du tome 1, est désormais invitée à devenir conseillère royale (excusez du peu) et qui a perdu un peu en naïveté pour gagner en sagesse mais garde toujours son pragmatisme désarmant et surtout son incroyable honnêteté, sa capacité à représenter le genre humain dans tout ce qu’il a de plus positif (j’aime Ema).

Ce tome-ci se concentre plus sur la politique : si le tome 1 représentait les violences de la guerre, ici on découvre les ravages que les tractations et manipulations politiques peuvent causer, ainsi que les dangers d’une idéologie poussée à ses extrêmes ; des violences bien plus insidieuses, mais tout aussi réelles et contre lesquelles il est plus difficile de lutter ouvertement.
Tout ce que j’avais adoré dans le tome 1 est encore présent dans ce tome-ci, le côté doux et cosy, l’humour, les personnages savoureux et la « bande à Ema », constituée sans doute des meilleurs humains que le monde puisse porter, à la fois riches en individualité chacun à sa façon, ouverts d’esprit, attachants, solidaires…

Cette série a tendance à rendre espoir dans le genre humain, et je crois que c’est la plus grande force de la cosy-fantasy, qui grimpe doucement mais sûrement parmi mes sous-genres de fantasy préférés principalement grâce à Lordesfeuilles qui s’est parfaitement approprié le genre et nous offre une série qui en est une parfaite représentante. Bref, j’attends (de nouveau) la suite avec impatience.

N.K. Jemisin, Les livres de la terre fracturée, tome 2 : La porte de cristal

N.K. Jemisin, Les livres de la terre fracturée, tome 2 "La porte de cristal" aux éditions J'ai lu

Changement radical d’ambiance avec un autre tome 2, d’un autre coup de coeur (qui, pour le coup, est également ce que j’appelle une révélation narrative, un coup de coeur qui modifie ma manière de voir la littérature dans son ensemble) : Les livres de la Terre Fracturée, que j’ai tendance à classer en fantasy post-apo et dont j’avais parlé du tome 1 dans mes lectures de mars.

J’ai eu moins de mal à entrer dans le tome 2 que je n’en avais eu pour le 1 mais ce n’est pas pour autant que ça a été une partie de plaisir : les Livres de la Terre Fracturée sont une lecture exigeante, tant du point de vue de l’univers que de la narration, et quelques mois loin de cette écriture particulière suffisent pour qu’il soit plus compliqué d’y revenir. J’ai revécu un peu la même chose que ce qui m’était arrivé pour Terra Ignota, d’Ada Palmer (a posteriori, une autre révélation narrative), quoi que peut-être à une échelle moindre, où il m’a fallu fournir des efforts conscients pour me remémorer tous les personnages, tous les événements du tome 1 tout en m’imprégnant de nouveau de cette narration particulière et exigeante.
Bref, si vous cherchez une lecture détente, passez votre chemin. Par contre, si vous cherchez un petit bijou de narration, de worldbuilding, de construction de personnages (sur des années et des années, voire plus), je vous invite fortement à vous y plonger.

Naomi Novik, Téméraire, tome 1 : Les dragons de sa majesté

Naomi Novik, Téméraire, tome 1 "Les dragons de Sa Majesté" aux éditions Pocket

Avec Téméraire, je complète enfin (bien qu’il me manque les tomes 2 et 3) ma connaissance de l’œuvre de Naomi Novik, sans doute mon autrice préférée, s’il fallait donner un classement, en tout cas celle qui a réussi à me faire ressentir le plus de choses. J’avoue avoir mis très longtemps à me lancer dans cette série car le pitch ne m’intéressait tout simplement pas, et j’avais peur d’être déçue (un capitaine de l’armée anglaise au temps des guerres napoléoniennes capture un œuf de dragon sur un vaisseau ennemi). Dans un sens, si je n’ai pas retrouvé la Naomi Novik que j’aimais pour sa profonde compréhension de l’humain, l’empathie qu’elle parvient à créer d’emblée pour ses personnages dans toutes ses œuvres suivantes, j’ai découvert une autrice exigeante avec l’Histoire et avec son worldbuilding, un traitement vraiment original des dragons, utilisés ici comme des sortes de navires capables de transporter un équipage entier dans les cieux et de combattre en l’air, et les prémices frémissants de ce qui sera dans ses romans suivants sa plus grande force (il faut peut-être que je dise ici que Téméraire est son tout premier roman).

Car si le personnage principal, avec un esprit extrêmement rigide et militaire, m’est resté très hermétique, ce n’est pas le cas de tous les personnages : j’ai beaucoup aimé Téméraire, et j’ai été parfaitement révoltée par le sort réservé à un autre (Levitas)

Ce sont tous ces points qui m’ont permis de passer outre le fait que l’époque historique ne m’intéressait pas plus que ça (et que je suis très loin d’avoir une appétence pour les camps militaires et la hiérarchie rigide qui y règne) ; et qui m’ont fait passer un excellent moment, assez loin pourtant de l’amour absolu que j’éprouve pour la Scholomance (une autre révélation) ou la Fileuse d’argent. Mais je lirai la suite dès que possible et cette oeuvre est très loin d’être une déception. 

Bernard werber, Nos amis les humains

Bernard Werber, Nos amis les humains, aux éditions Albin Michel

[relecture]

Ici, j’ai ressorti un livre que j’avais lu il y a fort, fort longtemps, quand j’étais encore enfant, et qu’à l’époque j’avais trouvé assez moyen (loin des Fourmis, qui lui, m’avait, de mémoire, beaucoup plu). C’est une lecture très courte, presque une nouvelle, qui peut se lire comme une pièce de théâtre et qui n’a pas fait plu d’une heure entre mes mains, même en prenant en compte le temps passé à lever les yeux au ciel.
Parce que oui, à la relecture, j’ai beaucoup roulé des yeux. Pour résumer l’histoire sans spoiler : deux humains, un homme et une femme, se réveillent dans une cellule et, après s’être apprivoisés, finissent par devoir faire le procès du genre humain. J’aurais du mal à trouver beaucoup de points positifs à cette lecture, tant les côtés négatifs gâchent les choses pour moi : le côté très moralisateur, le sexisme latent (fruit d’une autre époque mais pas moins sexiste pour autant), la simplification des choses à l’extrême, les personnages mal caractérisés (ou plutôt réduits à deux ou trois traits de caractère principaux)… On peut le lire comme une sorte de fable philosophique explicitant le point de vue de l’auteur sur l’humanité, ce qui expliquerait les nombreux partis pris, et excuser les raccourcis par la longueur de l’œuvre, il reste que pour moi ça reste une lecture assez décevante, même si assez proche du souvenir que j’en avais. C’est très loin d’être la meilleure œuvre de Werber et ce n’est pas le livre que je conseillerai pour découvrir l’auteur, même s’il est très court. 

Adrien tomas, LEs six royaumes, tome 1 : La geste du 6e royaume

Adrien Tomas, Les six royaumes, tome 1 : La geste du Sixième royaume, aux éditions Mnémos

Passons, si vous le voulez bien, au pavé du mois ! Il y aurait énormément à dire sur la Geste du Sixième Royaume, tant le roman est long, dense, et m’a fait passer à de nombreuses reprises d’un extrême à l’autre en termes de ressentis. J’avais découvert Adrien Tomas avec sa duologie Vaisseau d’Arcane que j’avais beaucoup aimé, même si j’avais regretté que l’univers n’exploite pas la pleine mesure de ses capacités. Dans La Geste du Sixième Royaume, l’univers est ce qu’il y a de plus développé et ça m’a beaucoup plu ; tant au niveau des peuples que les amateurs de fantasy connaissent bien mais qui sont ici transformés et réinventés par l’auteur que des organisations politiques et sociales, de l’Histoire et de la géographie, tout a été extrêmement bien travaillé et ça a été un véritable plaisir de découvrir cet univers qui, de plus, est loin d’être aussi manichéen qu’il ne parait au premier abord.

Mon approche des personnages a été un peu plus mitigée et il m’a été assez difficile de me les approprier et de ressentir beaucoup d’empathie pour eux. C’est un roman choral, dont les points de vue sont extrêmement nombreux, et ce qui prime avant tout, c’est le destin du monde. Le destin particulier des personnages n’a d’importance qu’en raison de leur implication dans cette globalité et leurs individualités ont eu tendance, pour moi, à se noyer dans cette espèce d’urgence mondiale, même si certaines scènes, peu nombreuses, ont réussi à échapper à cette indifférence.

Mais finalement, c’est la force de l’intrigue et de l’univers qui parviennent à maintenir le récit en place et le lecteur impliqué jusqu’au bout, ainsi que la façon dont l’auteur parvient à casser et à se réapproprier certains codes et tropes du genre, avec beaucoup de brio (j’ai pris de précieuses notes avec mon regard de jeune autrice, j’avoue). C’est un roman que je conseille, et je pense que je lirai aussi les suivants, même si l’unité narrative commencée au début de la Geste s’achève bel et bien à la fin, pour ce que j’en vois, et qu’il se suffit donc à lui-même. 

Fred Vargas, Pars vite et reviens tard

Fred Vargas, Pars vite et reviens tard aux éditions Viviane Hamy

Ça faisait très longtemps que je n’étais pas allée rendre visite à l’équipe d’Adamsberg à travers un des romans de Fred Vargas (depuis juin 2023 en fait), autant dire qu’ils me manquaient. Mais qui dit été, dit pour moi tradition de lire au moins un polar et donc c’était l’occasion de découvrir ce titre, sans doute le plus célèbre de Vargas, que je n’avais pas encore lu (et je n’ai pas non plus vu le film, au cas où vous vous poseriez la question).
Un de ces quatre, il faudra vraiment que je lise la série d’Adamsberg dans l’ordre, car celui-ci est un des tout premiers, et le premier où il prend ses quartiers dans le commissariat où je l’ai connu, avec l’équipe que j’ai appris à connaître, et ça m’a fait vraiment bizarre de le voir buter sur les noms et ne pas être au courant de la formidable puissance de Rétancourt. Tout autant que son histoire qui en est à ses tous débuts, avec des personnages dont je connais déjà le destin mais qui ne l’ont pas encore vécu. J’ai un peu eu l’impression de lire une préquelle, mais c’était très agréable toute cette partie rencontres, tout en connaissant les amitiés et les inimitiés qui se lieraient par la suite, les personnages importants, etc.

On y retrouve ici tout ce que j’ai toujours apprécié dans la plume de Vargas, ses dialogues savoureux, tellement oraux, parfois sibyllins mais qui sonnent toujours aussi vrais que si on venait d’épier une conversation à une table de bar, mêlés à un sens de l’observation et du détail remarquables, à des tranches de vie qui se dévoilent sous la trame de l’intrigue et qui rendent le tout tellement vivant, sans oublier une bonne part d’humour sous-jacent.

Du point de vue de l’enquête policière, il n’y a rien à dire, elle fonctionne parfaitement bien, même si un de mes regrets sur les histoires de Vargas est que le lecteur manque d’éléments pour comprendre et patauge, comme le commissaire, et ne peut donc pas tenter de se prêter au jeu du whodunit plus rapidement que le reste de l’équipe, mais il y a tellement de choses qui peuvent compenser que ça en devient accessoire. Je ne veux pas spoiler d’éléments de l’intrigue, aussi me contenterai-je de dire que j’ai particulièrement apprécié le côté historique qui vient se mêler à l’enquête (et qui touche en partie à mon époque de prédilection en tant que littéraire, j’en ai déjà parlé, je vous laisse chercher si vous voulez). Bref, le jour où je serais vraiment déçue par Vargas n’est pas encore arrivé, même s’il faudrait peut-être que je me mette à lire (ou à relire) d’autres polars d’autres auteurs pour comparer.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.